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Le procureur adjoint de la Cour pénale internationale (CPI), Mandiaye Niang, a récemment réaffirmé l’engagement de son bureau à poursuivre les enquêtes sur les crimes commis en Côte d’Ivoire durant les violences post-électorales de 2010-2011. Malgré un contexte de coopération fragile, il espère raviver les échanges avec les autorités ivoiriennes.
Le gouvernement ivoirien semble avoir interprété de manière optimiste les récentes annonces de la CPI. En effet, dans son budget prévisionnel pour 2025, le greffe de la CPI a évoqué la fermeture imminente de son bureau à Abidjan. Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement, avait exprimé sa satisfaction, déclarant qu’il ne pouvait que se réjouir de cette décision, considérant qu’elle marquerait la fin d’une mission.
Cependant, cette perception pourrait être trompeuse. Mandiaye Niang souligne que l’enquête est toujours en cours, précisant que le bureau du procureur maintient son focus sur les autres factions impliquées dans le conflit. Ce second volet des investigations, qui vise la rébellion des Forces nouvelles de Guillaume Soro, s’inscrit dans une démarche de justice élargie.
Lancé en 2016, ce volet des enquêtes a du mal à progresser. Mandiaye Niang évoque des défis de coopération qui ralentissent le processus. Les enquêteurs de la CPI manquent de pouvoirs d’action sur le terrain, ce qui complique leur accès aux preuves et aux témoignages. “Nous sommes une autorité d’enquête lointaine”, explique-t-il, soulignant la nécessité de la coopération des États.
Lors des enquêtes initiales contre Laurent et Simone Gbagbo, les autorités ivoiriennes avaient montré une plus grande disposition à coopérer. Après l’acquittement de Gbagbo et de Blé Goudé en 2019, la situation a cependant évolué, et les relations se sont tendues.
Pour avancer, le procureur adjoint envisage de relancer le dialogue avec les autorités ivoiriennes. Il souhaite reprendre contact pour faciliter la coopération, en espérant se rendre en Côte d’Ivoire dans les semaines à venir. Cette approche pourrait permettre d’améliorer les échanges nécessaires à la poursuite des enquêtes.
De plus, la CPI cherche à obtenir l’appui de l’ONU pour interroger d’anciens contingents déployés en Côte d’Ivoire, dans le cadre de ses investigations. La question de la coopération avec la France, qui a joué un rôle militaire durant le conflit, reste également en suspens, bien que le procureur adjoint soit resté évasif sur ce sujet.
La CPI doit encore déterminer si les potentiels suspects seront jugés à La Haye ou à Abidjan. En théorie, la CPI n’intervient qu’en dernier recours, lorsque l’État concerné ne peut ou ne veut pas mener les procès. Le gouvernement ivoirien a exprimé son souhait de juger les affaires sur son sol. Cependant, cela nécessiterait que la Côte d’Ivoire prouve qu’elle mène des poursuites contre les mêmes personnes pour des faits similaires. Mandiaye Niang reste prudent, notant que des lois d’amnistie et d’autres déclarations laissent planer des doutes sur la volonté réelle des autorités ivoiriennes de poursuivre les enquêtes.
Alors que la CPI s’efforce de relancer ses enquêtes sur la crise ivoirienne, les défis de la coopération restent considérables. Les autorités ivoiriennes devront démontrer leur engagement à juger les crimes de cette période tumultueuse, sous peine de voir la CPI intervenir directement. L’avenir de la justice en Côte d’Ivoire demeure ainsi incertain, en attendant des développements cruciaux.
E.K.