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Né le 5 octobre 1960, Éric Didia s’impose dès les années 1990 comme une voix majeure. Son timbre grave, son aisance verbale et son style délibérément provocateur ont marqué durablement la mémoire auditive collective. Animateur de l’émission « Happy People » sur Radio Nostalgie, il contribue significativement à la valorisation de la musique congolaise en Côte d’Ivoire, tout en développant un art radiophonique mêlant divertissement, satire sociale et engagement culturel.
L’animateur John Jay, à l’état-civil John Zaïbo Jay, a indiqué que le décès d’Éric Didia représente une perte majeure pour le patrimoine immatériel ivoirien. « Son apport, tant sur le plan de l’innovation radiophonique que sur celui de la médiation culturelle, mérite d’être étudié comme un cas exemplaire dans l’histoire contemporaine des médias en Afrique de l’ouest. Sur le plan de la conception médiatique, Éric Didia se distingue par une capacité à créer et imposer des formats originaux. Il introduit notamment les Atalaku, chanteurs d’animation typiques de la rumba congolaise, dans les sphères festives abidjanaises. Par cette hybridation entre contenu musical africain et animation urbaine, il participe à la construction d’un langage culturel transnational », a écrit John Jay sur sa page Facebook.
La carrière d’Éric Didia ne se limite pas à la radio. En rejoignant des plateformes télévisées telles qu’Ivoire Fm puis Life Tv, il réussit la transition vers le format audiovisuel. Incarnant notamment le programme « Life Talk » avec un style flamboyant qui lui est propre. Son passage à la télévision témoigne de sa faculté à s’adapter à des formats médiatiques pluriels. Tout en conservant une identité professionnelle affirmée.
Armel Mendy, journaliste sur radio Nostalgie, a confié que parallèlement à sa carrière dans les médias, Éric Didia cultivait une pratique artistique plus discrète, mais non moins significative. « Diplômé de l’École des arts modernes de Paris, il revendiquait un rapport intime à la création visuelle. Ce, à travers la peinture et le design d’intérieur. Cette double identité : artiste plasticien et homme de média a révélé en lui, la richesse d’un parcours multidisciplinaire », a-t-il dit. Pour lui, l’œuvre radiophonique d’Éric Didia s’inscrit dans une dynamique historique de professionnalisation des médias en Côte d’Ivoire. « Par son ton, ses références culturelles et sa posture publique, il a su incarner un style d’animation à la fois populaire et cultivé. Contribuant ainsi à redéfinir les codes de la parole médiatique, dans un contexte de libéralisation du paysage audiovisuel », a soutenu M. Mendy sur sa page Facebook.
E.KOUAKOU