Dès 2015, sous la direction de Sebastian Coe, World Athletics a interdit aux athlètes russes de participer aux compétitions internationales en raison d’une allégation de système de dopage d’État. Cette exclusion s’est ensuite renforcée en 2022 après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, malgré la position plus nuancée du CIO, qui préconisait une réintégration sous conditions.
Cette posture intransigeante a suscité des critiques au sein du mouvement olympique. Plusieurs membres du CIO estiment que cette décision unilatérale allait à l’encontre du principe de neutralité politique défendu par la Charte olympique, qui prône l’unité à travers le sport, indépendamment des tensions géopolitiques.
Des primes olympiques qui fracturent l’unité olympique
En avril 2024, Sebastian Coe a créé une nouvelle polémique en annonçant l’attribution de 50 000 dollars (47 000 euros) aux champions olympiques d’athlétisme des Jeux de Paris 2024, une initiative inédite qui n’a fait l’objet d’aucune consultation préalable avec le CIO ni avec les autres fédérations internationales.
L’Association des fédérations internationales des sports olympiques d’été (ASOIF) a rapidement exprimé son mécontentement dans un communiqué ferme : « Cette initiative ouvre, plutôt qu’elle ne résout, un certain nombre de problèmes complexes. Elle va à l’encontre du principe de solidarité, affaiblit les valeurs de l’olympisme et crée des déséquilibres entre les disciplines sportives. »
En établissant une distinction financière entre les athlètes, World Athletics rompt avec la tradition du bénévolat sportif et des valeurs égalitaires portées par le mouvement olympique. L’ASOIF craint que cette initiative n’encourage une course aux récompenses qui creuse les inégalités entre les disciplines les plus riches et les sports moins médiatisés.
Cette décision, perçue comme un acte solitaire, a refroidi plusieurs membres influents du CIO, fragilisant les chances de Sebastian Coe dans la course à la succession de Thomas Bach. « En agissant sans prévenir ses pairs, Sebastian Coe a créé des tensions et affaibli l’unité du mouvement olympique », souligne une source proche du CIO.
Si le CIO a réagi de manière diplomatique, en insistant sur l’importance de la solidarité olympique, plusieurs observateurs estiment que cette initiative a révélé une approche trop indépendante qui pourrait nuire à l’équilibre et à la gouvernance collective du mouvement.
Une candidature ébranlée par des positions controversées
Outre ces décisions contestées, Sebastian Coe doit également composer avec les nouvelles règles électorales du CIO qui pourraient remettre en cause son éligibilité. Son mandat à World Athletics prend fin en 2027, alors que la Charte olympique impose aux candidats d’être membres du CIO durant l’intégralité du mandat présidentiel (2025-2033). Ces controverses alimentent l’idée qu’il représente une vision trop autonome pour un poste où le consensus et l’équilibre diplomatique restent essentiels.
Une vision réformatrice qui divise
Malgré ces tensions, Sebastian Coe reste un candidat sérieux, fort de son expérience sportive et de sa capacité à moderniser les institutions. Ses partisans louent son leadership et sa volonté de réformer la gouvernance olympique, notamment en proposant de réduire la durée du mandat présidentiel à 4 ans renouvelables, contre 8 ans actuellement. Cependant, son style de gestion direct et ses décisions parfois unilatérales pourraient jouer contre lui dans une élection où la loyauté envers les traditions olympiques demeure un critère décisif.
En résumé, malgré sa vision modernisatrice, les décisions contestées de Sebastian Coe et son manque de concertation avec les autres instances compromettent ses ambitions de devenir le prochain président du CIO.
E.KOUAKOU