Selon Ulrike Franke, certainement qu’à Kiev, ils n’ont pas de raison d’être contents. « Après, les Allemands vont nous dire qu’il y a des raisons pour ça et que ça ne veut pas forcément dire qu’on donne moins, mais que ça vient par des voies différentes. Les crédits du G7 ont été mentionnés, le support de l’Union européenne [notamment l’argent récupéré du gel des avoirs russes, ndlr], ce genre de choses », explique-t-il, avant de préciser : « Mais oui, enfin, quand on voit ça à Kiev, c’est clair que ce n’est pas une bonne nouvelle. C’est moins que ce qu’ils aimeraient voir. Ce n’est pas parce que le chancelier ou le gouvernement croit que ce n’est pas nécessaire, mais ils ont fait le choix que finalement, ce n’est pas aussi nécessaire que d’autres choses ».
A priori, fait remarquer le spécialiste, cette décision est motivée par les économies que doit faire le gouvernement allemand car d’après ce qu’il entend, c’est vraiment une question d’argent. « Comme dans tous les budgets, il faut faire des choix de ce qu’on veut et de ce qu’on peut faire. Et là, il y a plein de choses que, à priori, ce gouvernement aurait bien aimé faire. Et d’ailleurs ce n’est pas un secret du tout que le ministre de la Défense allemand Pistorius aurait aussi aimé beaucoup plus d’argent pour son propre budget, pour les forces armées allemandes de la Bundeswehr, il ne l’a pas eu », indique-t-il.
L’Allemagne est quand même le deuxième contributeur d’aide militaire à l’Ukraine, après les États-Unis. Et Donald Trump a déjà signalé qu’il mettrait fin à l’aide américaine s’il était élu. Face à cette éventualité, le gouvernement et la population allemande ont compris que soutenir l’Ukraine, ce n’est pas forcément la meilleure des choses à faire « moralement », mais aussi parce que c’est dans leur intérêt. « Bien entendu, il y a des voix qui voient ça différemment. (…) Mais bien entendu, il y a toujours cette question de jusqu’à quand on veut faire cela. Est-ce qu’il y a une limite ? Est-ce qu’on peut se permettre de faire ça pendant des années et des années ? Donc, ce n’est jamais décidé pour toujours », ajoute Ulrike Franke.
Et du côté ukrainien, l’appel lancé par Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, en début de semaine à un sommet pour la paix, à des discussions avec Moscou, montre bien sûr qu’ils (les Ukrainiens) ont peur. « Ils ont peur que ce soit Donald Trump qui soit élu et de ce qu’il ferait… On ne sait pas d’ailleurs. Mais il a eu des idées très problématiques pour l’Ukraine. Donc oui, l’idéal serait justement de finir cette guerre avant l’élection de Donald Trump », déclare le spécialiste des questions de sécurité et de défense allemande et européenne au Conseil européen des relations internationales.
Assurément, le retour de Donald Trump aux affaires aux Etats-Unis inquiète. Ce n’est pas le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg qui dira le contraire. Il a justement appelé Washington à maintenir son soutien à l’Ukraine.
Source DW français avec msn.com