Le général Michael Langley, patron du Commandement américain pour l’Afrique (Africom), poursuit son lobbying en vue de renforcer la présence de Washington dans les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest francophone. Selon nos informations, le Pentagone a choisi la Côte d’Ivoire et le Bénin pour y installer deux bases militaires afin de lutter contre le terrorisme, la piraterie maritime et les trafics transfrontaliers. Début mai, Langley s’était rendu à Cotonou afin d’y rencontrer le président Patrice Talon et le chef d’état-major des armées, le général Fructueux Gbaguidi.
L’idée de l’implantation d’une base, lancée avant même le départ des troupes américaines du Niger mi-avril, n’est pas évoquée publiquement. Mais, depuis cette visite, les discussions se poursuivent dans la plus grande discrétion entre le Pentagone et les autorités béninoises, qui sont en contact permanent. Les États-Unis sont très actifs dans le pays, où ils ont renforcé leur coopération militaire au cours des dernières années, multipliant les appuis logistiques et les financements.
Les choses devraient encore s’accélérer à la suite de l’attaque terroriste survenue le 4 mai dans le parc national de la Pendjari (nord) et ayant coûté la vie à sept soldats béninois. Les Américains envisagent de déployer des drones d’observation et plusieurs outils de prévention et d’anticipation de la menace terroriste.
Le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, a quant à lui reçu Michael Langley à Abidjan, le 29 avril. Il lui a donné son accord pour l’implantation d’une base, tout en laissant le soin à son chef d’état-major des armées, Lassina Doumbia, d’en déterminer le format. Si le cadre n’en est pas encore tout à fait défini, on s’oriente vers une cohabitation des deux armées. Une installation similaire à celle des forces françaises de Côte d’Ivoire est en effet exclue. Le pays souhaite au contraire se calquer sur le modèle du Ghana, où les Américains ont signé un accord en 2018 pour le déploiement d’un escadron de soldats impliqués dans une coopération très poussée, avec un financement de 20 millions de dollars.
Opération « Flintlock »
En attendant, Washington multiplie les initiatives en Côte d’Ivoire. Du 13 au 24 mai, l’Africom a organisé à l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme de Jacqueville, près d’Abidjan, un grand exercice militaire réunissant plus de 1300 éléments venus de plusieurs pays du continent. Cette opération, dénommée « Flintlock », a lieu tous les ans en Afrique. L’Africom appuie également les services de renseignement ivoiriens. Depuis janvier dernier, au moment des préparatifs de la Coupe d’Afrique des nations (Can), le commandement américain a dépêché un avion de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (Isr).
À l’issue de la compétition de football, cet appareil a prolongé ses opérations dans le pays. Enfin, la Cia est également très active en Côte d’Ivoire, où elle collabore avec les autorités, notamment sur certains réseaux supposés du Hezbollah dans la communauté libanaise.
Source : jeuneafrique.com