La guerre, qui menace d’embraser toute la région, a fait des milliers de morts, majoritairement des civils, et met à très rude épreuve ces populations. Plus de 8.000 Palestiniens, dont la moitié sont des enfants, ont été tuées dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre, a déclaré dans la nuit de samedi à dimanche le ministère de la Santé du Hamas. L’aide internationale y arrive au compte-goutte.
Face à cette situation chaotique certains observateurs accusent Israël de commettre un génocide contre les Palestiniens. D’autres rejettent cette accusation comme étant infondée ou exagérée. Une chose est certaine, les bombardements d’immeubles civils par Israël sont une violation du droit international humanitaire, qui interdit les attaques indiscriminées et disproportionnées contre les populations civiles.
Déclaration de guerre
Si le terme de génocide désigne un acte commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, il est clair que le drame que vivent les populations réunit tous les ingrédients d’un génocide. En effet, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a affirmé que « cela doit être la dernière guerre à Gaza. Pour la simple raison qu’il n’y aura plus de Hamas ». Une déclaration qui affiche une volonté délibérée d’exterminer un peuple. Il n’existe pas de définition universelle du seuil à partir duquel un génocide peut être reconnu certes, mais beaucoup de facteurs, tels que la fréquence, la durée, la gravité et le caractère systématique des violences à Gaza, sont la preuve que l’on n’est pas loin d’un génocide. Le Premier ministre israélien a renchéri lundi 30 octobre que l’État hébreu n’envisageait pas de cessez-le-feu à Gaza, pilonnée depuis plus de trois semaines. Ce serait, selon lui, « une reddition face au Hamas ». « Les appels à un cessez-le-feu sont des appels à Israël à se rendre face au Hamas. Cela ne se produira pas », a déclaré Benjamin Netanyahu lors d’une conférence de presse à
Tel-Aviv, exhortant la communauté internationale à se joindre à son pays pour exiger la libération « immédiate et sans conditions » des otages retenus à Gaza.
Les communications et connexions Internet ont été coupées sur tout le territoire de l’enclave palestinienne. L’OMS, Amnesty International ou le Croissant-Rouge palestinien n’ont plus de contact avec leurs équipes locales. Cette autarcie accroît une situation déjà catastrophique pour les acteurs humanitaires présents à Gaza. L’organisation Human Rights Watch a d’ailleurs averti que cette coupure risquait de « servir de couverture à des atrocités de masse ». « On assiste de manière assez claire à une mise à mort de milliers de civils », a alerté samedi sur France info Jean-François Corty, vice-président de Médecins du Monde. Une crainte partagée par Volker Türk, haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, qui annonce que « les conséquences humanitaires seront dévastatrices et durables ».
« Occidentaux principaux coupables »
Le président russe Vladimir Poutine a affirmé lundi 30 octobre que les Etats-Unis étaient, selon lui, responsables du “chaos mortel” au Moyen-Orient, après plus de trois semaines de guerre entre Israël et le Hamas qui a fait des milliers de morts. « Nous devons comprendre clairement qui, en réalité, est à l’origine de la tragédie des peuples du Moyen-Orient et d’autres régions du monde. (…) Ce sont les élites dirigeantes actuelles des États-Unis et leurs satellites qui sont les principaux bénéficiaires de l’instabilité mondiale », a-t-il accusé lors d’une réunion gouvernementale retransmise à la télévision russe.
De son côté, l’Iran sous-entend que d’autres parties pourraient « à passer à l’action », tout en pointant du doigt le « vaste soutien » de Washington à Israël. « Les crimes du régime sioniste ont dépassé les lignes rouges, ce qui pourrait pousser tous les autres à passer à l’action », a averti le président iranien Raïssi dans un message posté sur X (ex-Twitter). « Washington nous a demandé de ne rien faire, mais ils continuent à apporter un vaste soutien à Israël », a-t-il ajouté, accusant l’Occident d’être « le principal coupable des massacres à Gaza ». Dans la même veine, à l’occasion d’un grand rassemblement en soutien aux Palestiniens samedi 28 octobre, le président turc Recep Tayyip Erdogan a à lui a aussi accusé l’Occident d’être « le principal coupable des massacres à Gaza ». « Les principaux coupables des massacres à Gaza sont les Occidentaux. A l’exception de quelques consciences qui ont élevé la voix, (ces) massacres sont totalement l’oeuvre de l’Occident », a lancé le chef de l’Etat turc. Il a interpellé les puissances occidentales en les soupçonnant de « créer une atmosphère de croisades » contre les musulmans. « Chacun sait qu’Israël ne peut pas faire un pas sans eux », a-t-il enchaîné, en reprochant aux Etats-Unis et aux pays européens de n’avoir pas appelé à un cessez-le-feu.
« Vous avez pleuré les enfants tués en Ukraine, pourquoi ce silence face aux enfants tués à Gaza », a-t-il lancé. Il a accusé Israël de “crimes de guerre”. « Israël, nous vous déclarerons devant le monde entier criminel de guerre », a-t-il dit: « Israël, vous êtes les occupants, les envahisseurs ». « Bien sûr, chaque pays a le droit de se défendre, mais où est la justice ? Ce qui se passe à Gaza n’est pas de l’autodéfense mais un massacre”, a poursuivi le président turc. Le ministère turc des Affaires étrangères a quant à lui publié un communiqué accusant Israël de “commettre un crime contre l’humanité devant le monde entier sans même tolérer la critique et la condamnation”.
Des manifestations en soutien aux Palestiniens
Dans plusieurs pays, la population s’est mobilisée pour dénoncer la situation dans la bande de Gaza. Plusieurs manifestations se sont organisées en soutien aux Palestiniens et pour appeler à un cessez-le-feu. À New York, des milliers de manifestants ont défilé samedi du musée de Brooklyn à l’île de Manhattan. La veille, une manifestation a par ailleurs été organisée par un mouvement juif à l’intérieur de la gare new-yorkaise de Grand Central. Des photos prises sur place ont montré de longues files de jeunes gens menottés, portant des sweat-shirts noirs sur lesquels étaient imprimées en blanc les expressions “Not In Our Name” (pas en notre nom) et “Cease Fire Now” (cessez le feu maintenant).
A Paris, les Français se sont également mobilisés ce 28 octobre, entre 3.000 et 4.000 manifestants se sont réunis, malgré l’interdiction par les autorités. Des élus étaient présents. D’autres rassemblements, interdits ou autorisés, ont par ailleurs eu lieu un peu partout en France. À Marseille – où la manifestation était autorisée – 1.800 personnes étaient présentes selon la préfecture de police, 4.000 d’après ses organisateurs.
À Athènes, quelque 5.000 personnes ont manifesté dans le calme dimanche. Les manifestants, qui ont marché jusqu’à l’ambassade d’Israël dans la banlieue d’Athènes, ont qualifié Israël d'”Etat meurtrier”. Ils ont aussi dénoncé “l’abstention du gouvernement grec lors d’un vote à l’ONU sur une résolution de la Jordanie demandant un cessez-le-feu humanitaire à Gaza”. Un important rassemblement aussi vu le jour à Londres.
Enquêter sur les faits

Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, lui, reste toujours sourd à ces réactions, poursuivant sa fuite en avant. Le chef du gouvernement israélien mobilise sa marine, son artillerie et son aviation et continue de pilonner Gaza. Il appartient aux instances internationales compétentes, telles que la Cour pénale internationale ou le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, d’enquêter sur les faits et de déterminer les responsabilités dans ces crimes contre l’humanité ou ces actes génocidaires.