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Cette métamorphose d’un chef djihadiste en dirigeant fréquentable n’est ni une aberration, ni un hasard. Elle s’inscrit dans la logique constante de l’Occident : ses relations ne sont guidées ni par l’éthique ni par l’amitié, mais par l’intérêt pur. Quand la guerre contre le terrorisme servait ses objectifs, Ahmed al-Sharaa était à abattre. Aujourd’hui, l’objectif a changé : sécuriser l’accès au pétrole syrien. Le même homme devient alors un interlocuteur acceptable.
Ce retournement brutal devrait être un électrochoc pour les chefs d’État et les responsables politiques africains, souvent prompts à rechercher la protection ou l’approbation des puissances occidentales, même au prix de concessions graves pour leurs économies et leurs peuples.
Il est temps que les dirigeants africains ouvrent les yeux : l’Occident n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts. Ce qui se passe entre Paris, Washington et Ahmed al-Sharaa est une démonstration brutale, une leçon politique qu’il serait suicidaire d’ignorer.
Aucune loyauté occidentale n’est garantie. Ceux qui hier étaient qualifiés de terroristes peuvent devenir des alliés si le contexte l’exige. De la même manière, un président africain qui croit pouvoir compter sur la “protection” occidentale risque de se retrouver seul, isolé, et acculé, dès que ses intérêts nationaux viendront en contradiction avec ceux des multinationales ou des chancelleries occidentales.
Les sanctions, les résolutions onusiennes, les pressions diplomatiques ou économiques ne sont souvent que des outils d’ajustement des rapports de force, des instruments pour faire plier ceux qui défendent leur souveraineté.
Rompre avec la dépendance, préserver nos ressources
Il est donc impératif pour les dirigeants africains de rompre avec cette logique de dépendance, de braderie des richesses et de soumission stratégique. L’avenir du continent passe par la préservation active des ressources naturelles, qui doivent être exploitées au bénéfice des populations africaines, et non au profit de multinationales étrangères, une industrialisation ambitieuse, permettant de transformer localement les matières premières, de créer des emplois et d’accroître l’autonomie économique et une véritable souveraineté technologique, énergétique et agricole, pour réduire la vulnérabilité face aux chantages extérieurs.
Pour une stratégie de souveraineté et de stabilité
Mais il n’y aura pas de développement durable sans stabilité politique. Il n’y aura pas de puissance africaine sans unité interne et régionale. Les divisions, les conflits internes, les coups d’État fragilisent le continent et ouvrent grand la porte aux ingérences étrangères.
Les dirigeants africains doivent œuvrer pour l’unité nationale, désamorcer les tensions communautaires, garantir des institutions solides et inclusives. Ce sont ces peuples, unis, conscients et prospères, qui défendront demain leurs dirigeants, et non des alliances étrangères temporaires et intéressées.
L’Afrique doit cesser de mendier l’attention de ceux qui la pillent. Elle doit construire son destin, avec lucidité et courage. Le cas d’Ahmed al-Sharaa nous rappelle une vérité simple mais fondamentale : aucun dirigeant africain ne sera jamais définitivement “ami” de l’Occident. Mais il peut devenir un leader respecté, s’il défend son peuple, son territoire, sa souveraineté.
La stabilité, l’unité, le développement et la maîtrise des ressources : voilà les véritables garanties de protection et d’avenir pour l’Afrique. Pas les promesses vides d’un axe qui change de visage au gré de ses profits.