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C’est une date historique en Chine : ce mercredi 3 septembre, Pékin a organisé une immense parade militaire pour commémorer le 80e anniversaire de la défaite du Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs dirigeants alliés de la Chine, dont, pour la première fois, Kim Jong-un, ont assisté à ce défilé.
A l’ouverture de la parade, les soldats se sont mis en marche au pas cadencé, au son des salves de canons sur la place Tiananmen. L’événement était par ailleurs l’occasion pour le président chinois de faire l’étalage de sa puissance en présentant notamment ses nouveaux missiles, avions, robots et drones.
Xi Jinping a prononcé un discours, affirmant que «l’humanité fait de nouveau face à un choix entre la paix ou la guerre, le dialogue ou la confrontation». «La renaissance de la nation chinoise est inarrêtable et la noble cause de la paix et du développement de l’humanité triomphera assurément», a-t-il ajouté. Il s’est gardé de toute référence explicite aux Etats-Unis ou aux sujets de discorde comme Taïwan ou les droits de douanes.
26 Chefs d’état dont Kim Jong-Un
Le président chinois a mis les petits plats dans les grands ce mercredi : pas moins de 26 chefs d’État ou de gouvernement sont présents pour assister à la grande parade organisée par Pékin. Xi Jinping a serré la main tour à tour à Vladimir Poutine puis à Kim Jong-un, ainsi qu’aux autres invités à leurs arrivées successives. Puis, échangeant des amabilités, les dirigeants se sont mis en marche sur le tapis rouge, le président russe à la droite de son homologue chinois et le leader nord-coréen à sa gauche, en tête du groupe
C’est bien ce dernier, Kim Jong-un, qui a attiré tous les regards, malgré la présence des présidents iranien, Massoud Pezeshkian, ou biélorusse, Alexandre Loukachenko. Il s’agit en effet de l’un des rares déplacements à l’étranger, depuis son accession au pouvoir fin 2011, de celui qui était largement traité comme infréquentable par l’Occident avant la présidence de Donald Trump. C’est aussi la toute première fois qu’il est apparu en public parmi un certain nombre de dirigeants étrangers. Tous les yeux étaient braqués sur sa proximité en tribune avec Xi Jinping et Vladimir Poutine et sur son interaction avec eux.
Aucun dirigeant occidental de premier plan n’était dans l’assistance. Le Premier ministre slovaque Robert Fico, chef de gouvernement d’un pays membre de l’Union européenne et allié de la Russie, était toutefois parmi les invités.
Des révolutions internes au parti
La présence ou non de certains hauts responsables chinois pourrait donner des indications sur d’éventuelles évolutions au sein du pouvoir, concentré dans les mains du PCC. Lors d’une précédente parade en 2015, Xi Jinping avait partagé la scène avec son prédécesseur Hu Jintao. Mais celui-ci a largement disparu des radars depuis un incident filmé par les caméras du monde entier en 2022 durant lequel il fut contraint de quitter un congrès du PCC sous les yeux de Xi Jinping.
Depuis 2015, Xi Jinping a entrepris de consolider son pouvoir à la tête du parti, de l’armée et du pays. De nombreux responsables militaires ont ainsi été démis de leurs fonctions dans le cadre d’une vaste campagne anticorruption. L’absence du vice-président de la Commission militaire centrale (CMC), He Weidong, visé par une enquête, pourrait signaler qu’il a été, lui aussi, rattrapé par la campagne.
Équipements militaires de pointe
À cette occasion, la Chine a également dévoilé de nouvelles armes, produites sur le territoire national et déjà en service. Elles seront analysées sous le prisme d’un éventuel conflit dans le Pacifique. Une nouvelle série de missiles antinavires, les «Ying Ji» – «attaque de l’aigle» en chinois – devait notamment être présentée.
Parmi les autres armes attendues : des missiles balistiques intercontinentaux Dong Feng-31, des avions furtifs J-20, des drones et des robots quadrupèdes. Le nouveau porte-avions Fujian pourrait être officiellement mis en service, après plus de deux ans d’essais en mer.
Anciens combattants
Le défilé a aussi mis en avant le rôle du PCC dans la victoire face au Japon, malgré un consensus historique qui attribue le mérite principal à l’armée de la République de Chine, qui contrôlait alors la majeure partie du pays. En 2015, le PCC avait reconnu le sacrifice des soldats républicains en invitant certains de ses vétérans au défilé. Mais leur visibilité pourrait être réduite cette année, reflétant les évolutions du récit national.
La participation d’autres puissances étrangères ayant contribué à la victoire contre le Japon est également scrutée. Des militaires chinois avaient défilé en mai à Moscou lors des célébrations russes de la fin de la guerre.
La fanfare militaire compte 80 clairons symbolisant les années écoulées depuis 1945, selon la télévision d’Etat CCTV. La présence de 14 formations de musiciens symbolise le nombre d’années de guerre, conformément à l’histoire officielle du PCC qui fait démarrer le conflit en 1931.
Les spectateurs de la place Tiananmen étaient assis sur des chaises vertes, rouges et dorées, symbolisant respectivement la terre, le sang versé par le peuple et la paix, selon CCTV.
Source Cnews