Quatre jours après sa nomination au poste de Premier ministre, Gabriel Attal s’est rendu au CHU de Dijon, accompagné de Catherine Vautrin, la nouvelle ministre française de la Santé. Lors de sa visite, le Premier ministre a promis 32 milliards d’euros supplémentaires pour le système de santé afin de préserver « un trésor national », qui a été miné par des années de restrictions budgétaires ayant entraîné une crise sanitaire persistante.
Mais selon l’économiste Jean-Paul Domin, ce n’est qu’une « goutte d’eau dans l’océan » et ne résout pas le problème du sous-financement. « Pour moderniser le système hospitalier, selon certaines estimations, il faudrait plutôt 180 milliards d’euros sur dix ans, soit environ 18 milliards d’euros par an », a-t-il déclaré à franceinfo.
Le gouvernement français a précisé l’annonce d’Attal en expliquant qu’en réalité, la somme annoncée était liée à l’augmentation du budget du secteur de la santé votée dans la dernière loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) en décembre 2023.
Augmentation insuffisante
Les professionnels de santé estiment que cette annonce est « trompeuse ». « Cela laisse une très mauvaise impression aux professionnels de santé », estime Arnaud Chiche, fondateur du collectif Santé en danger. « Nous pensons qu’il s’agit soit d’un coup de pub, soit d’un manque de connaissance des problèmes impliqués », a-t-il déclaré.
Selon le site Vie-publique.fr, même si l’objectif de dépenses nationales d’assurance maladie a été relevé ces dernières années, passant de 8,2 % du PIB avant la crise sanitaire à 8,7 % en 2024, cette augmentation n’est toujours pas suffisante pour couvrir la totalité de la hausse des dépenses du système de santé.
L’inflation augmente davantage
« Ce n’est pas parce qu’il y a une augmentation du budget de la santé qu’on va pouvoir acheter plus de choses », estime l’économiste Nicolas Da Silva, également expert dans le secteur de la santé.
En effet, cette augmentation n’inclut pas l’inflation ni les besoins de soins des patients, qui augmentent en raison du vieillissement de la population, a-t-il expliqué. « Pour les hôpitaux, l’enjeu est de financer les investissements, les hausses de salaires et l’inflation au bon niveau », a déclaré Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), sur le réseau social X.
Mathias Wargon, chef des urgences de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis, a déclaré à franceinfo : « Ce dont le système de santé a le plus besoin, c’est de réforme ».
Mais cette refonte en profondeur, réclamée à plusieurs reprises, notamment en 2019, est encore loin d’être achevée. 4 ans après la crise du Covid, les besoins sont toujours grands, et le constat, peu réjouissant, concernant ce « trésor national ». Les services d’urgences sont soumis à une pression de plus en plus forte : les patients sont toujours plus nombreux à s’y rendre, à cause, notamment, de la dégradation des soins en ville. Le problème des déserts médicaux est loin d’être réglé en France.
franceinfo