Avant de se rendre sur la place Kadjo Amangoua, Laurent Gbagbo a été reçu par Sa Majesté Nanan Miézan Venance, roi des Abouré, au palais royal, contigu au lieu où se tenait la cérémonie. Après avoir été fait membre de la génération au pouvoir, c’est-à-dire, la génération Noudjou, Laurent Gbagbo s’est prononcé sur les futures échéances électorales. Devant des milliers de militants et sympathisants, le fondateur du Ppa-Ci a annoncé la couleur au sujet de la présidentielle d’octobre 2025. Pour l’opposant, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp, au pouvoir) doit être battu dans les urnes. « Il faut que nous nous arrangions pour que ce gouvernement ne soit plus là en 2025. Il faut que ce gouvernement ne soit plus au gouvernement en 2025 », a martelé le chef de parti, suscitant l’enthousiasme chez ses partisans.
Dans sa démarche, l’ancien député de Ouragahio est disposé à s’entourer de toutes celles et tous ceux qui partagent la même vision que lui. Il a, alors, lancé, à partir de Bonoua, cet appel au rassemblement à l’endroit des forces de l’opposition : « je veux profiter de la terre de Bonoua pour dire à tous les hommes politiques que j’ouvre les bras, j’ouvre les bras. Tous ceux qui veulent un rassemblement clair, politique, sain pour vaincre ce gouvernement, j’ouvre les bras. Je les attends ».
S’il est disposé au rassemblement, l’ancien prisonnier de Scheveningen a, tout de même, mis en garde contre celles et ceux qui voudraient faire preuve de « roublardise ». « J’ouvre les bras, je les attends, mais attention, il ne faut pas essayer de faire de la roublardise avec nous. Il ne faut pas dire : non, je vais m’approcher de Gbagbo, je vais le rouler. On ne me roule pas, on ne me roule (pas). Je peux me tromper moi, mais, quelqu’un ne va pas dire : oui, je m’en vais. Comme Gbagbo a ouvert les bras, je vais aller faire comme ça, comme ça. Non ! Il faut être clair, il faut être clair, il faut être net, il faut être franc, il faut être loyal », a prévenu Laurent Gbagbo.
L’hôte des populations de Bonoua a invité ses collaborateurs à s’approprier la démarche de rassemblement. « Je dis, en même temps, à tous les collaborateurs de ne pas rejeter les gens. Si quelqu’un veut venir, et discuter loyalement avec nous, sincèrement avec nous, qu’ils discutent, qu’ils discutent. Voilà un point que je voulais dire ici. Nos bras sont ouverts, nos bras sont ouverts », a renchéri l’ancien chef d’Etat.
Gratuité de la Cni
Le président du Ppa-Ci s’est aussi prononcé sur l’opération prochaine d’enrôlement en vue de la délivrance de la Carte nationale d’identité (Cni). De l’avis de l’ex-locataire du palais présidentiel, la Cni devrait être gratuite. Pour Laurent Gbagbo, la gratuité de la carte permettrait à toutes les populations, sans distinction, de se procurer cette pièce et participer au processus électoral. « (…) Pour l’heure, pour que les élections soient gagnées, il faut les cartes d’identité, il faut des cartes d’identité or, ici, il y a plein de gens qui n’ont pas de carte d’identité… Entre 2000 et 2010, j’avais fait faire l’établissement des cartes d’identité. Parce qu’on ne peut pas demander à un citoyen de payer sa citoyenneté . Tu es citoyen ivoirien, si tu es pauvre, si tu n’as pas l’argent pour payer ta carte d’identité, tu es citoyen quand même. Donc, je demande à l’Etat de faire un effort, de faire un effort financier pour nos frères, les pauvres… On l’a déjà fait et ça n’a pas tué le pays. Je plaide donc pour une carte d’identité gratuite. Je plaide donc clairement et ouvertement pour une carte d’identité gratuite », a-t-il déclaré.
La cherté de la vie a fait l’objet de critique de la part de l’ancien numéro 1 ivoirien. Laurent Gbagbo a décrié le coût élevé de certaines denrées alimentaires sur le marché. À cela, il a ajouté la hausse récente du coût de l’électricité. « Cherté de la vie, je dis : c’est le gouvernement. Je dis : c’est vous qui avez voté… C’est pourquoi, on dit quand tu veux voter, il faut bien regarder… Simple piment est cher, l’aubergine est chère (…) la vie est chère. La vie est chère, même pour venir ici, on passe les péages. Tu roules sur une route, tu paies, c’est-à-dire le droit de rouler… moi, j’ai fait deux péages avant d’arriver ici. Donc, la vie est trop chère », a dénoncé le socialiste.
Le récent problème du déversement dans le Cavally de certains composés chimiques tels le cyanure et le mercure, occasionnant des problèmes de santé à des populations, a été également abordé par Laurent Gbagbo. Il a souhaité que cette question soit regardée avec plus d’intérêt de la part des autorités pour préserver la vie et la santé des populations qui souffrent des conséquences de l’utilisation de ces matières dans l’exploitation des ressources minières. « On dit qu’il y a des gens qui cherchent l’or, ils cherchent l’or, ils utilisent le cyanure et le mercure pour leur or. Le cyanure et le mercure, ce sont des poisons et le cyanure et le mercure se déversent dans les cours d’eaux comme le Cavally. Le cyanure a complètement empoisonné le plan du Cavally, empoisonné le Cavally et ses affluents. Je demande au gouvernement de faire attention à ce genre de chose. Parce que les enfants meurent, les femmes vont laver les linges à la rivière et elles meurent parce qu’elles ont touché l’eau et, elles ont touché leur bouche », a dit le président du Ppa-Ci.
Il s’est également insurgé contre la recrudescence des cas de personnes portées disparues et celles qui se suicident. L’ancien chef de l’État a plaidé auprès de l’État pour que ces problématiques soient étudiées et adressées.
Au nom des populations, Kissi Vincent a réaffirmé l’engagement et l’attachement de Bonoua à Laurent Gbagbo. Il l’a assuré de leur disponibilité à l’accompagner dans la réalisation de son combat électoral.
Jean-Paul Amethier, maire de Bonoua, a, quant à lui, rendu un vibrant hommage à l’ancien chef de l’État. Il lui a témoigné son admiration et l’a félicité pour tous les combats menés en faveur de la Côte d’Ivoire et de sa population.
A.KONE