« Zagoli Golié, ancien gardien de but des Éléphants de Côte d’Ivoire (1984 à 1990), légende du football ivoirien, est décédé ce vendredi 12 juillet 2024, à Abidjan des suites d’une longue maladie. C’est avec la plus vive émotion que Adjé Silas Metch, ministre délégué en charge des sports et du cadre de vie, tient à présenter ses condoléances les plus attristées à la famille biologique de l’ancien joueur de l’Africa Sport d’Abidjan, de l’Usc Bouaké et du Stella Club d’Adjamé, à sa famille sportive et à toute la sphère du football ivoirien », informe une note du ministère en charge des Sports, transmise à L’inter.
La tutelle rappelle : « L’état de santé de Zagoli Golié était déjà une des plus grandes préoccupations du ministre délégué, comme lorsqu’il s’agit de nos légendes ivoiriennes du sport, quand elles traversent des moments difficiles. Le 29 juin dernier, Adjé Silas Metch avait dépêché Ousmane Gbané, Directeur de l’Office national des sports (Ons), à Mimia 2, le village de Zagoli Golié, dans la sous-préfecture de Boguédia (Issia). Le lendemain, la délégation s’est aussi rendue au chevet du malade lorsqu’il a été hospitalisé à Abidjan ».
Il y a un mois, l’ancien portier des Eléphants de 1984 à 1990, très malade, a été évacué à Abidjan, suite à une prompte intervention d’Alain Gouaméné, président des anciens footballeurs de Côte d’Ivoire.
« On l’appelait, le chat »
Le natif d’Issia a pris sa retraite sportive en 2001 mais est resté dans le monde du football ivoirien, intervenant dans plusieurs clubs dont le Stella club en qualité de préparateur des gardiens de but. Passé par l’As Bouaké et l’Africa Sports d’Abidjan, Zagoli Golié a été de la belle campagne des Eléphants à la Can en 1986 en Egypte. Grâce à son arrêt décisif face au Sénégalais Jules Bocandé, sur pénalty, il avait pris une part active à la qualification des Eléphants pour les demi-finales. C’est, d’ailleurs, la compétition qui l’avait révélé aux yeux de l’Afrique. Sa mort a suscité une vague d’émotions dans l’univers du football local notamment parmi ses anciens coéquipiers en sélection nationale. Monguéhi Gueï François, son équipier à l’Africa et chez les Eléphants n’en revient pas. « J’ai appris la nouvelle, ce matin. Ça m’a refroidi. Là, où je vous, je suis encore dans le lit », a réagi l’ancien défenseur, joint au téléphone. « Moi, je jouais son libéro donc on est resté en contact. Même quand j’étais à l’étranger, je l’appelais. C’est quelqu’un qui était tout le temps joyeux. On l’appelait, le chat », a-t-il confié.
Pareil pour Lago Patrice, un autre ténor des Eléphants des années 1980. Les deux hommes étaient intimement liés. « Il m’a même appelé quand j’ai perdu mon frère aîné (Lago Paulin) », a révélé celui que ses fans appelaient le ‘’ministre de la défense’’. Lago Patrice soutient même qu’à chacun de ses déplacements à Daloa, Zagoli venait le rencontrer. Pour lui qui prépare actuellement, les obsèques de son frère aîné, c’est un enchaînement de malheurs. « Le sort s’acharne sur moi », s’est-il lamenté.
Zagoli a marqué son époque
Marcel Zagoli Golié a marqué son époque. En plus d’être un excellent gardien de but, il doit également sa grande réputation à ses capacités à arrêter les penalties. Une performance qui lui a valu un hommage du groupe Zouglou ” Les Poussins chocs” tenu à l’époque par les artistes Yodé et Siro, à travers la chanson “Zagoli Golié”. Cet hommage a contribué à accroître la réputation de l’homme. Tant et si bien qu’il est adulé même par ceux qui ne l’ont pas connu en activité. La chanson leur a permis d’avoir une idée de l’immense talent de la légende. Le succès de cette chanson, a amené l’ancien gardien de but à s’exprimer à la télévision (RTI1), réclamant ses droits à Yodé et Siro. « Yodé et Siro m’ont chanté dans l’une de leur composition. Grâce à cette chanson même des jeunes de dix- huit ans connaissent mon nom Zagoli Golié. Yodé et Siro m’ont immortalisé. Traduisez toute ma reconnaissance à ces artistes. Néanmoins, dites à Yodé et son frère Siro que je les attends ici dans mon village, Mimia, à Issia. Tout le village est mobilisé pour les attendre. Ils ont eu beaucoup d’argent avec cette chanson. J’attends donc ma part », a-t-il déclaré, suivi d’un éclat de rire.
Depuis quelques mois, la santé de Zagoli avait gravement décliné. Un appel à l’aide avait même été lancé afin de le sortir de cette difficile situation. Amenant ainsi certains dirigeants du football ivoirien dont le ministre délégué au sport, Adjé Silas Metch, et le président de la fédération ivoirienne de football (Fif), Idriss Yacine Diallo, à réagir. Zagoli Golié avait été évacué de son village à Abidjan.
En avril 2020, l’ex-international avait fait parler après la publication d’une vidéo sur Facebook, le montrant dans son village. Il tenait une enveloppe et appelait les anciens footballeurs à se ranger derrière Didier Drogba, alors candidat à la présidence de la Fif. « Il faut à la Fédération ivoirienne de football un ancien joueur pour diriger. Je suis un ancien joueur. Si un ancien joueur veut diriger la Fédération, nous les anciens, on devrait être derrière Drogba pour que Drogba soit président de la Fédération ivoirienne de football. Aujourd’hui, on nous parle d’expérience. Quelle expérience ? Didier Drogba a joué au haut niveau. Il a l’expérience. Ceux qui sont à la Fédération, il y en a beaucoup qui n’ont pas de d’expérience, mais ils sont quand même là. Ils ont dirigé la Fédération. Donc si lui, il vient pour diriger la Fédération, on ne peut pas parler d’expérience. Nous les anciens joueurs de notre génération, on devait supporter Didier Drogba pour que Didier soit à la tête de la Fédération ivoirienne de football. Allez Didier Drogba à la Fif », avait-il soutenu.
Interrogé par Linfordome.com, il a laissé entendre : « Je n’ai pas de souci, je suis là. Ce qui est sûr, ce n’est pas une question de souci. Je suis au village, c’est vrai. Souvent, les gens murmurent, on dit Zagoli est mort, Zagoli est ceci. Depuis qu’il a balancé le truc sur les réseaux sociaux, certains m’appellent pour me dire, le monsieur vit encore. Nous on pensait qu’il était décédé. Mais grâce à lui, tout le monde m’appelle pour me demander si ça va. Je suis à la retraite, je suis au village à Mimia 2 ».
Malheureusement, dans ce match contre la maladie, le géant Zagoli a rendu les gants vendredi matin.
Eric KOUAKOU