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Depuis 1990, aucune équipe n’était allée si loin après une défaite de quatre buts dans le tournoi. Mieux, jamais une équipe n’avait survécu jusqu’à la dernière marche après avoir limogé son entraîneur en cours de compétition. La Côte d’Ivoire repousse les limites de l’impossible au cours de cette 34e édition de la Can. Enterrée et resuscitée, la Côte d’Ivoire, désormais, n’a qu’une seule obsession dans cette compétition : remporter la finale face au Nigeria.
Mercredi au stade d’Ebimpé, pour la première fois de la compétition, les Eléphants ont dominé leur sujet. Sur l’aire de jeu, ils ont rendu une bonne copie au sélectionneur Emerse Faé qui tenait à ce que ses poulains améliorent leur entame de match. Face aux Léopards du Congo, Max-Alain Gradel et ses coéquipiers ont bien appliqué la consigne du coach.
Faé pompier de service
Le destin est incroyable aussi pour Emerse Faé, propulsé pompier de service après le limogeage en pleine compétition de Jean-Louis Gasset. Le jour de ses 40 ans, il a pris un costume que beaucoup estimaient trop grand pour lui. Le voilà, lui aussi, finaliste de la Coupe d’Afrique des Nations. Depuis le début de la phase à élimination directe, où l’ancien nantais a pris les rênes de l’équipe, à défaut de mieux, en tout cas à défaut de Hervé Renard, elle a passé beaucoup plus de temps, virtuellement éliminée que virtuellement qualifiée.
En huitièmes, les coéquipiers de Seko Fofana ont été menés durant 82 minutes avant d’arracher la prolongation puis de s’imposer aux tirs au but. En quarts, à dix contre onze face au Mali, ils ont encore une fois égalisé au bout du suspense (90e), avant d’arracher leur qualification sur leur ultime attaque des prolongations (120e+2). Mercredi, dans leur duel avec la RDC, les miraculés sont venus à bout des Léopards (1-0) dans un match mieux maîtrisé au plan tactique et technique. Un but heureux d’Haller, sur une reprise visiblement ratée, a suffi au bonheur des Ivoiriens face à des Congolais très limités offensivement.
Si pour l’heure, la Côte d’Ivoire est encore très loin d’avoir décroché la troisième Can de son histoire, on se souvient tout de même de la belle histoire de l’équipe qui démarre très laborieusement une compétition internationale pour la terminer en apothéose. Ce n’est pas fréquent, mais suffisamment marquant à chaque fois. On se souvient de l’Italie lors du Mondial 1982, trois points lors de la première phase de poules, qualifiée parce qu’elle avait marqué un but de plus que le Cameroun. Du Portugal à l’Euro 2016, qualifié lui aussi in extremis après trois matches nuls, et aidé par un format qui sauvait les meilleurs troisièmes.
En plus d’être de nouveau portés par leur public, les Eléphants le sont par une foi qui semble inébranlable, et une confiance retrouvée. Qu’est-ce qui peut désormais arrêter la chevauchée fantastique de la bande d’Emerse Faé dans la quête de la troisième étoile de la Côte d’Ivoire à la Can, à leur portée ?
Serge PAGNI