Depuis, les pelleteuses sont à l’œuvre sur le site pour enlever les débris composés de morceaux de planches, tôles, de gravas et de ferraille témoignant du chaos après le passage des engins de démolition. Mais aussi le désarroi collectif chez les personnes impactées. Les habitations démolies abritaient 595 familles. Sur place, la tristesse est à son comble. Des personnes assises sur les ruines de leurs maisons, le regard hagard, scrutent l’horizon espérant une aide. Parmi elles, figurent des marchands de bétails.
Certains ont confié avoir tout perdu dans cette opération de déguerpissement. « Au moment où on nous demande d’aller prendre des enclos à Adjamé pour la relocalisation de nos bétails, on démolit nos maisons. Nous avons tout perdu », a rapporté un vendeur de bétail, très en colère. Cette information a été confirmée par le président de l’Union régionale des sociétés coopératives des marchés de bétails d’Abidjan (Ursc mab), Mory Coulibaly. « Des vendeurs de bétails ont perdu leurs biens de cette opération de déguerpissement, alors qu’ils s’étaient rendus à l’ancienne casse d’Adjamé pour prendre des enclos en vue parquer leurs bêtes », a-t-il confié.
595 familles impactées
Dans un communiqué du District d’Abidjan qui conduit l’opération, il est notifié « que ce déguerpissement répond à un objectif unique : assainir cette zone impropre à l’habitation, située à la lisière du complexe de l’abattoir de Port-Bouët, où les populations sont exposées à divers dangers, notamment les maladies endémiques liées à la proximité avec les animaux et les activités d’abattage ». Ce document précise que les « 595 foyers touchés par cette action » avaient été identifiés, puis informés de cette opération lors d’une campagne de sensibilisation menée auprès des populations. Il rappelle que « les habitants dudit quartier, établis sur un site qui reste la propriété du District d’Abidjan, avaient été déjà déguerpis en 2018, après plusieurs séances d’information et de concertation ».
Des assurances ont été données quant à leur recasement, situé dans la commune de Port-Bouët. « Afin de permettre à ces populations du quartier “Abattoir” dans la commune de Port-Bouët de se reloger dans des conditions adéquates, le District autonome d’Abidjan a acquis un site de 10 hectares à Anani dans la commune de Port-Bouët, divisé en terrains de 75 m², soit 726 lots au total », a promis le District d’Abidjan.
Toutefois, le District a précisé que pour l’heure, des travaux d’aménagement sont en cours, notamment des opérations de désherbage, d’apport de terre, de compactage, d’installation de poteaux électriques et d’adduction d’eau potable. Ce site prévoit des commodités telles qu’une école primaire, un centre de santé, un marché et des lieux de culte.
E.K.