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L’Union européenne aime se présenter comme un acteur de paix. Mais quand il s’agit d’agir, son impuissance saute aux yeux. Ni capacité militaire autonome, ni budget commun crédible : l’Europe dépend du parapluie américain pour chaque étape du conflit. Dans ces conditions, prétendre jouer les médiateurs relève de l’illusion.
Wolfgang Münchau, chroniqueur européen, résume brutalement la situation : « L’Europe n’a aucune stratégie. » Pas de plan pour garantir la sécurité de l’Ukraine après la guerre. Pas de mécanisme sérieux de reconstruction. Pas d’unité politique suffisante pour peser dans les négociations. Le sommet organisé à la Maison-Blanche a montré la réalité du rapport de forces : c’est Donald Trump, pas les Européens, qui a réussi à arracher un accord de principe pour une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky.
Les Européens, eux, n’ont pu obtenir que quelques garanties floues de sécurité, qui restent largement théoriques tant qu’aucune capacité militaire autonome n’existe. Leur rôle se réduit à celui de figurants, applaudissant des décisions prises ailleurs.
Les divisions qui paralysent
À chaque tentative de plan commun, l’Europe se heurte à elle-même : Les pays de l’Est réclament un soutien militaire massif, persuadés que Moscou ne comprend que la force, les pays de l’Ouest préfèrent parler de diplomatie et redoutent l’escalade, l’Allemagne hésite, l’Italie temporise, la France alterne entre ambition stratégique et prudence tactique. Ce patchwork d’approches contradictoires empêche toute ligne claire. Résultat : chaque capitale parle pour elle-même, et l’Union européenne échoue à parler d’une seule voix.
À ce stade, deux options se dessinent : Un accord de paix fragile. Il impliquerait que l’Europe tienne ses promesses de garanties de sécurité. Mais comment, sans armée commune ni volonté d’investir massivement ? Une guerre qui s’enlise. Plus probable, tant que l’Europe se contente de sanctions et d’aides ponctuelles, sans stratégie de long terme. Dans les deux cas, l’Europe contribue plus à compliquer le processus qu’à le faciliter. Et chaque jour qui passe rend plus crédible l’idée que, quand la paix viendra, ce ne sera pas grâce à l’Europe.
J.F.PAGNI