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Le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (Pdci-Rda) a, non seulement, dénoncé la politique du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp, au pouvoir), mais il a aussi et surtout fustigé des « mensonges systématiques » dont il est l’objet, et accusé le pouvoir de vouloir éliminer des candidats de la compétition électorale du 25 octobre.
« Je crois que 15 ans de rattrapage, ça suffit ! Il faut donner les mêmes chances à tout le monde et que le meilleur gagne. C’est un peu comme cette élection puisqu’on essaie de m’éliminer. Je suis encore dans la compétition. Allons-y ! Allons à l’élection et que le meilleur gagne ! Et puis c’est fini. C’est comme ça qu’on obtient les meilleurs résultats et les résultats justes. Essayer d’éliminer les gens de la compétition, ça ne marche pas », a émis Tidjane Thiam, probable candidat du Pdci à la présidentielle d’octobre, dont les propos sont disponibles sur plusieurs plateformes.
L’ancien directeur général de Crédit suisse, qui en a par-dessus la tête de certaines allégations comme le fait qu’il ne paierait pas ses impôts, a annoncé une plainte pour diffamation. « Je ne suis pas un punching-ball, je suis un être humain. Et il y a un moment où trop c’est trop. Il y a le jeu politique normal que j’accepte- je suis un grand garçon- mais la calomnie, les mensonges systématiques, à un moment, il faut dire : ‘’ça suffit !’’ (…) On va continuer à ne pas répondre à la provocation. Il y aura quand même des petites réponses. Il y en a un qui a fait un podcast pour expliquer que je ne paie pas mes impôts en Suisse … Ceux-là, je vais les poursuivre en diffamation. J’ai essayé d’expliquer à ce monsieur que depuis 2007, je suis à des Conseils d’administration de sociétés listées et que toutes mes rémunérations sont publiques au dernier centime près. C’est dans les rapports annuels d’Aviva, de Prudential, de Crédit suisse, chaque année. Donc, je ne peux pas frauder au fisc », a réagi, indigné, le successeur de Henri Konan Bédié.
« Honnêtement, je suis assez déçu parce que depuis que je suis arrivé, j’ai fait tout ce que je pouvais pour adopter un ton conciliant, respectueux, poli. Au point même où certains se disaient : « celui-là, il est trop mou ». Mais, c’est délibéré !
Comme tout le monde, je peux être impoli. Être poli, c’est un choix, ce n’est pas nécessairement de la faiblesse. Tout ce que j’ai eu en retour, c’est des injures, des calomnies, on me traîne dans la boue. Et c’est malheureux, parce que j’ai l’impression qu’on a affaire à des gens qui ne savent que se comporter comme ça. Même quand vous ne les agressez pas, eux, ils vous agressent. C’est comme une machine qui a un seul mode de fonctionnement. C’est malheureux », a mentionné l’ancien ministre du Plan et du Développement.
Des cadres Pdci instrumentalisés
Tidjane Thiam voit la main du pouvoir derrière les plaintes portées par des militants du Pdci-Rda à son encontre. Ces dernières semaines, plusieurs plaintes ont été annoncées contre le successeur de Henri Konan Bédié et, plus généralement, contre certains organes du Pdci. La dernière plainte en date est celle de Valérie Yapo. L’ex-déléguée départementale Pdci d’Akoupé a assigné le Pdci-Rda en justice. Elle conteste une décision l’excluant temporairement du parti pour avoir manqué à ses obligations « d’exemplarité », de « discipline », de « soumission aux organes du parti », de « soumission aux décisions du parti et indiscipline notoire ». L’ex-déléguée du Pdci remet en cause, par ailleurs, la légalité de Tidjane Thiam en tant que président du Pdci-Rda. Pour elle, l’élection de M. Thiam s’est faite au mépris de certaines dispositions.
Face à la diaspora, samedi 15 mars, Tidjane Thiam a estimé que des cadres Pdci étaient instrumentalisés par le pouvoir : « Au lieu de travailler ensemble, on se fait des crocs-en-jambe. C’est très adroit de la part du gouvernement d’avoir suscité ces gens au Pdci qui portent plainte contre moi, qui portent plainte contre le Pdci. C’est très subtil. Parce qu’on essaie d’alerter l’extérieur. Et ils disent ça, ce sont des problèmes internes au Pdci, c’est M. Thiam qui a des problèmes avec ses troupes. Or, l’avocat de Mme Yapo est conseiller spécial de la présidente du Conseil constitutionnel. Cela fait que le gouvernement peut mener toute sorte de pratiques et de manœuvres, en faisant paraître cela comme des difficultés internes au Pdci ; parce que malheureusement, il y a toujours des gens qui sont prêts à se livrer à ce genre de (…) ».
A Paris, le chef du Pdci a aussi parlé de « souveraineté » et de modèle économique. « Aujourd’hui, la vraie souveraineté, c’est la souveraineté économique. Ce n’est plus les divisions de Staline. Donc le chemin pour que notre voix soit entendue, c’est la croissance économique et qu’on soit un acteur de poids. On peut chanter jusqu’au lendemain ‘’il faut nous respecter’’, à la fin, le monde des relations internationales, il est brutalement darwinien, il est féroce. Il n’y a pas de bons sentiments dans les affaires internationales. Si les Etats-Unis sont en train de faire ce qu’ils font entre l’Ukraine et la Russie, c’est à cause de leur poids économiques et rien d’autre. Donc, plus on va se développer économiquement, plus on aura voix au chapitre », a formulé Tidjane Thiam.
E.KOUAKOU