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Jamais, en 130 ans d’existence, l’élection à la présidence du Cio n’avait compté autant de candidats. Parmi les sept prétendants, figuraient des personnalités de poids (David Lappartient (France)- président de l’Uci et du Cnosf, Juan Antonio Samaranch Jr (Espagne)- vice-président du Cio et héritier d’un nom illustre, Sebastian Coe (Grande-Bretagne)- patron de World Athletics et double champion olympique, Morinari Watanabe (Japon), président de la Fédération internationale de Gymnastique, Johan Eliasch (Suède/Grande-Bretagne)- président de la Fédération internationale de Ski, Prince Faisal Al-Hussein (Jordanie)- Membre influent du Cio).
Malgré la compétition féroce, Kirsty Coventry a surpris en remportant la majorité absolue dès le premier tour, un exploit rare pour une élection aussi serrée. C’est Thomas Bach en personne qui a annoncé sa succession depuis le luxueux complexe balnéaire de Costa Navarino, offrant ainsi au mouvement olympique un symbole fort de renouvellement et de diversité.
« C’est un moment extraordinaire. En tant que fillette de neuf ans, je n’aurais jamais imaginé me retrouver ici, à contribuer au mouvement olympique », a déclaré Kirsty Coventry, à RFI, visiblement émue. Elle a également promis de diriger l’institution avec fierté et intégrité : « Je vous assure que je porterai nos valeurs olympiques avec fierté et responsabilité. Nous devons offrir plus d’opportunités aux femmes, non seulement pour les athlètes mais aussi au sein des fédérations et des comités nationaux olympiques. »
Kirsty Coventry n’est pas une inconnue du monde du sport. Septuple médaillée olympique, dont deux titres en natation (2004 et 2008), elle est l’une des plus grandes figures africaines du sport mondial. Sa carrière exceptionnelle, couplée à son engagement en faveur de l’égalité des sexes et du développement du sport en Afrique, a été un atout majeur dans sa victoire. Avant son élection, elle insistait déjà sur l’urgence de renforcer la place des femmes dans les structures sportives internationales.
Son expérience au sein du Cio est également impressionnante. Membre depuis 2013, elle a présidé la commission des athlètes et a joué un rôle clé dans la promotion des valeurs olympiques et du développement durable. Les attentes avant l’élection pointaient vers un duel final entre Juan Antonio Samaranch Jr et Sebastian Coe, deux figures influentes et médiatiques du Cio. Pourtant, la victoire éclatante de Kirsty Coventry dès le premier tour a déjoué tous les pronostics.
Avec seulement huit voix, Sebastian Coe a subi un revers humiliant, tandis que Juan Antonio Samaranch Jr a récolté 28 suffrages, insuffisants pour s’imposer. Les autres candidats, dont David Lappartient et Morinari Watanabe, n’ont jamais véritablement pesé dans le scrutin. Élue pour un mandat de huit ans, Kirsty Coventry pourra briguer un second mandat de quatre ans selon les règles du Cio, puisqu’elle demeure loin de la limite d’âge fixée à 74 ans.
Son élection intervient à un moment crucial pour le mouvement olympique, confronté à plusieurs défis majeurs, la participation des athlètes russes et biélorusses en contexte de tensions géopolitiques, la durabilité des Jeux olympiques, notamment les Jeux d’hiver, l’inclusion de l’Afrique dans l’organisation de futurs Jeux et l’égalité des sexes et la diversification des instances sportives. L’accession de Kirsty Coventry à la tête du Cio est plus qu’une victoire personnelle. C’est un symbole puissant pour l’Afrique et pour toutes les femmes engagées dans le sport.
E.KOUAKOU