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L’annonce avait fait l’effet d’une bombe. Le 30 juin 2025, le président du mouvement Alternative Nouvelle Génération (ANG) et candidat déclaré à l’élection présidentielle d’octobre, Dr Ousmane Camara, révélait avoir saisi le Conseil constitutionnel afin que soit examiné le cas de Monsieur Alassane Ouattara au regard de l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne.
L’annonce avait fait l’effet d’une bombe. Le 30 juin 2025, le président du mouvement Alternative Nouvelle Génération (ANG) et candidat déclaré à l’élection présidentielle d’octobre, Dr Ousmane Camara, révélait avoir saisi le Conseil constitutionnel afin que soit examiné le cas de Monsieur Alassane Ouattara au regard de l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne.
Selon lui, des documents d’archives internationaux (FMI, Banque mondiale, BCEAO) attestent que M. Ouattara a longtemps été reconnu comme ressortissant burkinabè dans l’exercice de ses fonctions. Or, aucune preuve publique de renonciation à cette nationalité n’a été fournie depuis 1985, année où il commence à bénéficier de la nationalité ivoirienne. Une situation qui rend, selon Dr Camara, la fonction présidentielle incompatible avec l’article 55 de la Constitution ivoirienne, qui exige que le chef de l’État soit exclusivement ivoirien.
Le candidat d’ANG est revenu sur la suite de cette requête lors d’une conférence de presse à son cabinet privé de Marcory Zone 4 ce lundi 25 août 2025. « Le Conseil constitutionnel, saisi sur cette question, n’a jusque-là pas statué explicitement », a fait savoir Dr Ousmane Camara. « Ce silence entretient une zone d’ombre grave pour la crédibilité de nos institutions ».
« C’est comme s’ils avaient décidé de ne pas traiter le sujet, alors que nous avions été informés, lors du dépôt des requêtes, que les dossiers sont traités entre deux semaines et un mois », a poursuivi l’opposant, dénonçant un « déficit de confiance » envers le Conseil constitutionnel. « C’est ce qui fonde chez nous un scepticisme sur l’impartialité de l’institution, qui devait pourtant nous rassurer », a-t-il ajouté.
» Déjà accompli ses deux mandats «
Lors de la conférence, Dr Camara a également abordé la question de l’éligibilité à la présidence de la République. Selon la Constitution ivoirienne du 8 novembre 2016, modifiée par la loi constitutionnelle n° 2020-348, le président est élu pour cinq ans au suffrage universel direct et n’est rééligible qu’une seule fois. Il doit jouir de ses droits civils et politiques, être âgé d’au moins trente-cinq ans et être exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoirien d’origine.
« Monsieur Alassane Dramane Ouattara, élu en 2010 puis réélu en 2015, a déjà accompli ses deux mandats avant même la révision constitutionnelle », a souligné Dr Camara. Selon lui, la nouvelle Constitution de 2016 n’annule pas rétroactivement les mandats en cours. Le mandat 2015-2020 doit donc être pleinement comptabilisé. Toute candidature en 2025 constituerait dès lors, selon le candidat de l’ANG, une violation flagrante de l’article 55.
Dr Camara a par ailleurs critiqué la notion de « troisième république » invoquée par le RHDP et son président, en se demandant ce que représentait le mandat courant du 8 novembre 2016 à décembre 2020 : « un mandat fantôme » ou « un mandat cadeau ».
Un parrainage citoyen contesté
Le président de l’ANG s’est également exprimé sur le système de parrainage citoyen, introduit par l’Ordonnance N°2020-356. Ce dispositif impose à chaque candidat de recueillir au minimum 35 000 parrainages citoyens et un cautionnement de 50 millions de francs CFA. Selon Dr Camara, cette mesure crée une inégalité entre candidats, favorise les partis déjà installés, expose les citoyens et contredit l’esprit de l’article 55 garantissant un suffrage universel direct, libre et égal.
Pour Dr Ousmane Camara, la position de l’ANG est claire : le système de parrainage constitue une atteinte à la démocratie, les deux mandats déjà accomplis par M. Ouattara rendent toute nouvelle candidature inconstitutionnelle, l’absence de réponse sur la question de la nationalité fragilise la légitimité de sa candidature, et le Conseil constitutionnel, dans sa composition et ses pratiques actuelles, ne rassure pas.
Pour autant, Ousmane Camara a affirmé avoir relevé le défi du parrainage : 53 480 signatures collectées, soit plus que le minimum requis, et couvrant 20 régions sur les 17 exigées. Un « véritable parcours de combattant » qui lui a coûté près de 27 millions de FCFA.
« Le concours Miss Côte d’Ivoire est mieux organisé que les élections dans ce pays », a-t-il lancé, visiblement amer. Le candidat a annoncé qu’il déposera sa candidature ce mardi 26 août, tout en laissant planer la possibilité d’un retrait pour se consacrer plutôt aux prochaines législatives.
Axel KONE