En visite officielle, le ministre russe des Affaires étrangères est venu discuter avec les autorités tchadiennes de la coopération bilatérale et des perspectives de son élargissement et de son raffermissement.
Au cours de l’audience au Palais Toumaï avec le chef de l’Etat, Mahamat Idriss Déby Itno, le point d’honneur est mis sur le développement. Et à la conférence de presse, Serguei Lavrov n’a pas manqué de faire ce rappel : « Il faut que nos amis tchadiens dresse une liste des domaines dans lesquels ils voudraient avoir notre appui. »
Face aux journalistes russes et tchadiens, les deux diplomates ont abordé des questions sur la sécurité, l’économie, l’éducation, les infrastructures. Interrogés sur l’impact de cette visite sur les relations entre le Tchad et la France, les deux ministères ont réitéré la souveraineté de leurs Etats. « Le Tchad est un pays souverain. Nous ne sommes esclaves de personnes. Ni de la France, ni de la Russie, ni d’aucune puissance », a vigoureusement affirmé Abderaman Koulamallah.
De son côté, Sergueï Lavrov a précisé que « Notre relation avec le Tchad ne va pas influencer le rapport du Tchad avec la France», relevant que Moscou ne choisit pas ses amis et ennemis. « C’est la France qui demande aux autres de choisir leurs amis et leurs ennemis », a ajouté le ministre russe. A N’Djamena, M. Lavrov a estimé devant la presse qu’en Ukraine, « ce n’est pas la paix que les Occidentaux veulent préserver » mais « les principes suivants : vous devez choisir entre soutenir la Russie ou soutenir » l’Ukraine, « et si vous soutenez la Russie, vous serez punis. C’est ça la vision occidentale ».
Au Tchad, interrogé sur « l’aide militaire » à ce pays, le chef de la diplomatie russe a simplement évoqué « des accords de coopération militaire en place depuis longtemps » qui « vont continuer », notamment la “livraison d’équipements”.
« Depuis six mois on assiste à un véritable réchauffement des relations » russo-tchadiennes, observe pour l’AFP Vsevolod Sviridov, expert du Centre d’études sur l’Afrique de l’Ecole supérieure d’économie de Moscou. « Les militaires français restent mais leur présence n’entrave pas le développement des relations entre Moscou et N’Djamena », ajoute-t-il.
N’Djamena et Moscou ont posé les premiers pas du raffermissement de leur coopération en octobre 2019 lors du 1er sommet Russie-Afrique. En janvier 2024, le chef de l’Etat tchadien a effectué sa première visite en Russie à l’invitation de Vladimir Poutine. Une visite très médiatisée de M. Deby à Moscou et une complicité apparente affichée avec le président Vladimir Poutine, avait fait s’interroger sur les velléités du Tchadien de diversifier ses appuis internationaux.
Selon la Présidence tchadienne, la visite du chef de la diplomatie russe « est la résultante tangible de la mise en route immédiate du onzième chantier et la quatre-vingt troisième action du programme politique du chef de l’Etat consacrés au développement des relations bilatérales intenses et équilibrés avec les autres Etats. »
APA