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Lorsque l’Occident s’est christianisé, il a estimé que le reste de la planète devait suivre cette voie, envoyant des missionnaires aux quatre coins du globe, de la Patagonie aux forêts africaines, en passant par la Papouasie, le Japon et la Tasmanie. Ceux qui refusaient de se convertir étaient souvent déshumanisés, justifiant des actes de violence ou d’esclavage à leur encontre. Si certains peuples ont résisté, beaucoup d’autres ont été persuadés ou vaincus, entraînant la destruction de cultures, de croyances et de cosmogonies qui avaient prospéré pendant des millénaires.
À chaque avancée sociopolitique, l’Occident a attendu que le reste du monde adopte ses nouvelles normes, qu’il s’agisse de démocratie, des droits des LGBTQ+, ou d’autres valeurs qu’il a lui-même longtemps diabolisées. L’Occident s’est également autoproclamé comme la seule source de moralité dans un monde perçu comme corrompu, se présentant comme la civilisation par excellence face à un océan de barbarie. Dans cette vision, ceux qui adoptent les valeurs occidentales seront sauvés, tandis que ceux qui s’y opposent, comme l’Iran, l’Irak, la Syrie, la Libye, Cuba, la Russie et la Corée du Nord, sont systématiquement combattus.
En Afrique, la colonisation a engendré une telle croyance en la supériorité de l’Occident que de nombreuses élites ont renié leurs propres cultures pour tenter de se conformer aux standards européens, même sans en avoir l’apparence physique. Dans cette vision dichotomique, le monde occidental est civilisé, tandis que le reste est condamné à la barbarie. Les récits du monde « barbare » décrivent des actes de violence, de vol et de mépris des droits humains, tout en occultant la manière dont l’Occident a conquis l’Amérique et l’Afrique, souvent par la trahison, le mensonge et le meurtre.
Actuellement, nous assistons à la tragédie du peuple palestinien, dont les terres sont prises dans un contexte de loi du plus fort. Pendant que les discussions se poursuivent sur les mutations politiques au Moyen-Orient, Israël continue d’étendre son influence en Syrie, illustrant ainsi la dynamique de pouvoir en jeu. La communauté internationale, trop souvent silencieuse face à ces injustices, semble accepter cette réalité, simplement parce qu’il s’agit d’un pays occidental.
La création de la Cour pénale internationale (CPI) par l’Occident visait à juger les crimes les plus graves à l’échelle mondiale. Alors que les dictateurs africains étaient souvent ciblés, lorsque des dirigeants occidentaux, comme Benjamin Netanyahou, se trouvent sous le coup d’un mandat d’arrêt, la réaction est tout autre. Certains pays refusent d’appliquer ce mandat, montrant ainsi une double moralité et une hypocrisie flagrante. Comme l’a dit Aimé Césaire dans son discours sur le colonialisme, « Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. » Aujourd’hui, nous constatons les signes évidents de cette décadence.
Ce qu’il est crucial de retenir, c’est que l’Afrique doit se décomplexer face à cette civilisation occidentale en déclin. Il est temps de croire en ses propres valeurs tout en intégrant de manière critique ce que d’autres civilisations peuvent offrir. L’Asie, par exemple, est parvenue à s’affirmer sur la scène mondiale en restant fidèle à elle-même tout en prenant en compte les avancées technologiques occidentales. L’Afrique possède le potentiel de faire de même, si elle le souhaite.
Il est impératif que l’Afrique s’approprie son destin, en valorisant ses richesses culturelles et en bâtissant un avenir qui lui ressemble, sans se laisser étouffer par le discours de supériorité d’un Occident en perte de vitesse. Il est temps de redéfinir les valeurs et les priorités qui guideront son développement, pour s’affirmer sur la scène mondiale en tant qu’entité autonome et respectée.
J.F.PAGNI