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Récemment, le porte-parole du CIO a souligné que la situation russe était unique et ne pouvait être comparée à aucun autre conflit dans le monde, car les mesures prises par le CIO étaient une conséquence de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe pendant les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de Pékin en 2022. Selon le CIO, cela constitue une violation de la Charte olympique comme de l’intégrité territoriale du comité olympique national de l’Ukraine.
Mais à la lumière des bombardements d’hôpitaux et de nombreux immeubles et lieux d’habitation occupés par les populations et des milliers de personnes tuées impunément, il est clair que l’argument du CIO ne convainc pas. En effet, dans le cas de Ghaza et de la Palestine, l’invasion de l’armée israélienne n’est pas intervenue pendant les Jeux olympiques ou paralympiques certes mais, elle constitue tout de même une violation des principes de la Charte olympique, qui interdit notamment la discrimination et la violence.
Impunité
Dans cette Charte olympique, les principes fondamentaux de l’olympisme recommandent que « la pratique du sport est un droit de l’homme. Chaque individu doit avoir la possibilité de pratiquer un sport sans discrimination d’aucune sorte, au regard des droits humains reconnus au plan international dans le cadre des attributions du Mouvement olympique. L’esprit olympique exige la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, de solidarité et de fair-play ». Fort de ce qui précède, il est évident que les atrocités commises sur les populations en Palestine par l’armée israélienne et les destructions de toutes les infrastructures y compris de sport constituent des violations de la Charte olympique et des droits humains. Toute chose qui doit par conséquent amener le CIO à prendre des sanctions contre Israël. Mais à ce jour, les clubs et les athlètes israéliens toutes disciplines confondues continuent de participer aux compétitions internationales.
Au lieu d’appliquer la Charte olympique, Thomas Bach se contente de « ce qu’on appelle dans le monde politique la solution à deux États ». En clair, il opte pour la solution politique. Ce qui constitue à nouveau une violation de la Charte olympique qui précise que « le CIO se défend de prendre position sur les questions politiques ou géopolitiques, et affirme que le sport doit être un facteur de dialogue et de paix entre les peuples ». « Le but de l’Olympisme est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine », indique également la Charte olympique.
Les craintes du CIO
Dans le cas présent, les faits démontrent que le CIO adopte une approche au cas par cas concernant les sanctions, en prenant en compte les circonstances spécifiques de chaque situation. Dans une déclaration à l’agence de presse allemande DPA, le 1er novembre, le CIO a expliqué que « les athlètes ne peuvent être tenus responsables des actions de leurs gouvernements ». Or en 2022, le CIO a suspendu la Russie et appelé les Fédérations internationales à exclure les athlètes russes et biélorusses des compétitions internationales.
Des informations ont fait état d’éventuelles sanctions que pourrait prendre le Comité olympique international à l’encontre du Comité olympique algérien du fait du refus des athlètes algériens d’affronter des Israéliens dans des compétitions officielles internationales. Le CIO craindrait en fait que ce comportement ait un effet d’émulation auprès d’autres athlètes des pays arabes et musulmans. En effet, l’international algérien, Aïssa Mandi et son coéquipier hispano-marocain Ilias Akhomach ont refusé de prendre part à la minute de silence avant le match de Villarreal contre le Maccabi Haïfa en Coupe UEFA, car elle ne concernait que les victimes israéliennes du conflit. Toute cela expliquerait ces « menaces» du CIO rapporté par l’agence allemande.
Selon la presse algérienne, cette campagne médiatique a été enclenchée suite au «refus» de la judoka algérienne, Meriem Moussa, d’affronter une Israélienne à la Coupe du monde de judo en Italie. Une attitude saluée par plusieurs sportifs arabes et musulmans. Il en est de même pour un autre boxeur algérien qui se serait retiré du combat « en signe de refus d’affronter un Israélien », sachant que l’Algérie n’a jamais établi des relations avec l’Etat hébreu.
Partie pris politique
De toute évidence, la question des sanctions contre Israël par le Comité International Olympique en réponse aux exactions de l’armée israélienne à Gaza implique des considérations politiques et diplomatiques. Le CIO assure qu’il évite de prendre des positions politiques, se concentrant sur la promotion de l’unité et de la paix à travers le sport. Cependant, il a la capacité de prendre des mesures en cas de discrimination ou de violation de la Charte olympique. Comme c’est le cas en Palestine. Mais Thomas Bach et le Commission exécutive du CIO n’osent pas. Preuve éloquente du parti pris politique du CIO confirmé par une déclaration à l’agence de presse allemande DPA qui a rapporté le 1er novembre, que le CIO a menacé de prendre des « mesures rapides » en cas de discrimination envers les athlètes israéliens.
Dans le cas d’exactions à Gaza, il est indispensable que le CIO diligente des enquêtes pour voir s’il n’y a pas des preuves de discrimination et de violations des principes olympiques par des entités sportives israéliennes contre les Palestiniens afin de prendre des sanctions appropriées conformément à ses règles et procédures internes.
Axel KONE