Le Ghana a retenu cinq candidats (la France, les États-Unis, la Chine, la Russie et la Corée) pour construire sa première centrale nucléaire. L’objectif est de produire 1 000 mégawatts d’électricité grâce à cette centrale d’ici 2034. Actuellement, le Ghana fait face à des coupures d’électricité quasi quotidiennes en raison d’une production énergétique instable.
Plusieurs pays africains, dont l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Égypte, le Kenya et le Nigeria, ont exprimé leur volonté de passer à la production d’énergie nucléaire. À l’horizon 2025, cinq d’entre eux devraient être équipés de centrales nucléaires. Pour les puissances étrangères, cet engouement est un enjeu commercial de taille et l’occasion d’asseoir un peu plus leur influence sur le continent. Alors que les États-Unis tentent de rentrer dans la course, la Chine et la Russie multiplient les projets. Et la Russie est en tête des négociations sur le continent.
Rosatom en Egypte
L’Égypte s’est déjà engagé avec la Russie. Depuis 2022, Rosatom travaille à la construction de la première centrale du pays, à El-Dabaa. Quatre réacteurs d’une puissance de 1.200 mégawatts chacun. Le chantier du troisième réacteur a débuté en mai. Les travaux sur les quatre unités de puissance doivent être achevés en 2028-2029. Ça se précise Avec l’Éthiopie, les choses se précisent. Une feuille de route conjointe sur le nucléaire civil avait déjà été préparée, a affirmé le Président russe Vladimir Poutine. Le Burundi avait signé un mémorandum avec la Russie pour l’exploitation d’une centrale, en mars 2023. Une volonté renouvelée lors du dernier Sommet Russie-Afrique, où un accord intergouvernemental a aussi été signé. Le Nigéria, pays le plus peuplé du continent, veut discuter avec Rosatom. Un accord intergouvernemental a été conclu depuis un certain temps déjà.
La Russie est un partenaire clé pour la construction de réacteurs nucléaires en Afrique. Des accords ont déjà été signés avec le Burkina Faso et l’Ouganda. En effet, un accord entre Moscou et Kampala a été signé pour la construction d’une centrale nucléaire, comme l’a annoncé le Président ougandais, Yoweri Museveni, lors du dernier Sommet Russie-Afrique. Pour le moment, pas d’accord du côté du Burkina Faso, mais de sérieux appels du pied. Ouagadougou souhaiterait la construction d’une centrale nucléaire pouvant alimenter en électricité une partie de la zone ouest-africaine, comme le confiait récemment à Sputnik, le Président de la Transition, Ibrahim Traoré. Au Ghana, cinq candidats ont été retenus pour construire la première centrale nucléaire du pays. L’annonce a été faite la semaine dernière par le ministère de l’Énergie, Robert Sogbadji. En lice, on retrouve la France, les États-Unis, la Chine, le géant russe Rosatom et la Corée. La sélection définitive sera annoncée avant la fin de l’année.
Les atouts de la Russie
L’avantage pour les pays africains de se tourner vers la Russie réside dans le fait qu’en comparaison, les pays européens ont déjà une longue expérience dans le domaine nucléaire, la Russie, avec son expertise et ses partenariats, offre aux pays africains une opportunité de développer leur secteur nucléaire pour répondre à leurs besoins énergétiques croissants. Mieux, avec le nucléaire, la Russie entend démontrer à ses détracteurs qu’au-delà de l’assistance militaire qu’elle peut apporter aux pays africains, qu’elle peut aussi apporter des solutions en termes de développement.
Dans le domaine du nucléaire civil, la Russie dispose de deux atouts maîtres. Un groupe public intégré, Rosatom, qui propose un « package » nucléaire complet allant de la fourniture du combustible à la construction de la centrale et à la formation des ingénieurs, et récupère même les déchets radioactifs. Ce qui est très intéressant pour des pays à faible niveau de développement. Chose que ne font pas les autres pays constructeurs européens de centrales. Et Rosatom propose un financement des projets à quasiment 100 % par l’État russe, comme c’est le cas pour la centrale d’El Dabaa en Égypte.
Depuis vingt ans, la Russie s’est engagée à rester leader dans le domaine nucléaire. Elle a des réserves financières suffisantes pour mettre 20 à 30 milliards de dollars sur la table pour ces projets, ce qui est une prise de risque rare et importante. Ces projets ont pour mérite de maintenir le savoir-faire russe à un très haut niveau et de lier des partenariats sur plusieurs décennies.
Des avantages que ne proposent pas les pays européens comme c’est cas par exemple de la France qui s’est planté en sur le projet d’EPR à la centrale nucléaire d’Olkiluoto en Finlande mis en service commercial le 16 avril 2023. Initialement prévu pour être construite en 5ans, mais à cause des problèmes survenus avec le gouvernement finlandais en lien avec les lois du pays, les travaux ont duré 12 ans. Le projet qui devait coûter 3 milliards d’euros, est passé à 15 milliards d’euros.

Les experts du domaine de l’énergie de l’Union Africaine recommandent le nucléaire comme source énergétique sûre et mieux adaptée à l’environnement (Ph : DR)
En conclusion, l’énergie nucléaire offre des opportunités pour les pays africains, mais il est crucial de peser les avantages et les défis avant de prendre des décisions importantes. Les choix faits aujourd’hui auront un impact sur l’avenir énergétique du continent. Au-delà du nucléaire, certains pays d’Afrique souhaitent faire appel à la Russie pour développer d’autres sources d’énergies, en particulier l’hydroélectricité. Le Congo est ainsi en discussion avec la société russe RASU pour un projet de barrage sur le fleuve Kouilou, a révélé le ministre des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso.
L’une des priorités de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine est l’accès à l’électricité pour tous. 40 milliards de dollars par an sont nécessaires pour répondre aux besoins énergétiques de l’Afrique, selon la Commission économique pour l’Afrique. Les taux d’accès à l’électricité dans 24 pays du continent sont inférieurs à 50%. Face aux nombreux défis liés au changement climatique, les experts du domaine de l’énergie de l’Union Africaine recommandent le nucléaire comme source énergétique sûre et mieux adaptée à l’environnement.
Axel KONE