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Les habitants sont dirigés vers Al-Mawasi, une étroite bande côtière déjà surpeuplée, sans infrastructures, sans eau potable, sans soins. Israël présente ce territoire comme un “refuge”. En réalité, c’est un campement de fortune à ciel ouvert, incapable d’accueillir dignement les centaines de milliers de personnes qui s’y entassent. Transformer un exode massif en prétendue mesure humanitaire est une manipulation cynique. C’est l’organisation planifiée d’une catastrophe humanitaire.
Le droit international bafoué
Le droit international humanitaire est clair : le déplacement forcé de populations civiles est interdit, sauf nécessité absolue de sécurité et avec garantie de retour. Or, rien n’indique que ces conditions soient respectées. L’ONU a déjà averti du risque de “transfert forcé” assimilable à un crime de guerre. Chaque ordre d’évacuation, chaque immeuble rasé, chaque famille jetée sur les routes rapproche Gaza d’un nettoyage ethnique de facto.
Les menaces du ministre de la Défense israélien Israël Katz – “libérez les otages ou Gaza sera détruite” – trahissent la logique réelle : il ne s’agit pas seulement de combattre le Hamas, mais de briser une population entière. La destruction systématique des infrastructures civiles, combinée à l’exode imposé, constitue une punition collective, explicitement prohibée par la quatrième Convention de Genève.
Les civils sont pris au piège : partir, c’est errer vers le néant ; rester, c’est risquer la mort sous les bombes. Les témoignages décrivent des colonnes de familles épuisées, des enfants pieds nus sur la route côtière, des personnes âgées abandonnées faute de transport. Ce n’est pas un “effet collatéral”. C’est le cœur d’une stratégie militaire : rendre la vie impossible, briser la société palestinienne, effacer Gaza en tant que ville vivante.
Une responsabilité internationale
Face à cette politique de terre brûlée, les condamnations diplomatiques timides ne suffisent plus. Laisser faire, c’est cautionner. Chaque jour qui passe, l’inaction internationale transforme l’ordre d’évacuation de Gaza en un précédent dangereux : celui d’un État qui impose à une population civile un déplacement massif, en toute impunité, au mépris des règles les plus élémentaires du droit de la guerre.
J.F.PAGNI