En effet, ce jour-là, à son siège d’Abidjan-Cocody Riviera, le Ppa-Ci a lancé une vaste opération de terrain, baptisée “Cap 2025”, visant à mobiliser et sensibiliser les populations à travers tout le pays. Cette campagne, qui se déroule du 8 au 16 juin 2024, met l’accent sur l’engagement des militants et sympathisants pour assurer une participation massive et active au processus électoral.
La stratégie déployée par le parti de gauche prend en compte quatre (4) exigences : la refonte de la liste électorale, la candidature effective de Laurent Gbagbo, la mobilisation totale tout au long du processus électoral, et la solidarité financière et logistique des membres du parti. Un aspect important de cette stratégie est la formation des militants et sympathisants, ainsi que la solidarité entre eux afin de soutenir les actions du parti. Cette dimension vise à renforcer la cohésion interne et à assurer une préparation optimale pour les défis à venir.
Le lancement de “Cap 2025” s’inscrit dans le cadre d’un plan stratégique plus large, intitulé “Plan stratégique 2024-2025”, composé de cinq (5) points cruciaux : la réinscription du nom de Laurent Gbagbo sur la liste électorale, la dissolution de la Commission électorale indépendante (Cei), la reprise intégrale de la liste électorale, le découpage électoral, et la gratuité de la Carte nationale d’identité (Cni).
Mobiliser à travers Gbagbo
En inscrivant au chapitre des exigences, la candidature effective de son leader, le Ppa-Ci entend utiliser à fond l’image de Laurent Gbagbo pour galvaniser ses bases et attirer de nouveaux électeurs. L’ancien chef d’Etat reste la figure centrale de son parti voire de la gauche ivoirienne, et sa réinscription sur la liste électorale est présentée, par sa famille politique, comme une priorité. Aujourd’hui, il est difficile d’identifier le discours d’un membre de la direction du Ppa-Ci qui n’inclue pas la « réinscription du nom de Laurent Gbagbo » sur la liste électorale. L’ancien opposant à Félix Houphouët-Boigny, condamné par la justice ivoirienne dans l’affaire dite du « casse de la Bceao », ne figure plus sur la liste électorale. La grâce qui lui a été accordée par son successeur, Alassane Ouattara, ne rétablit pas l’ex-chef d’Etat dans ses droits civiques. Seule l’amnistie pourra lui permettre d’être réinscrit sur la liste électorale. Conscient de cette situation, le Ppa-Ci est demandeur d’un dialogue avec le gouvernement. Parallèlement à sa demande de dialogue, le parti socialiste use de pressions sur le terrain en mobilisant ses troupes.
Stratégie de mobilisation intensive
Le lancement de l’opération “Cap 2025” avec 36 délégations missionnées pour une vaste campagne de terrain établit la volonté de renforcer la présence et l’influence du Ppa-Ci à travers tout le pays. Cette mobilisation intensive fait ressortir le fait que le parti fondé en octobre 2021, cherche à construire une base électorale large et à s’assurer une forte participation des électeurs, particulièrement dans les zones rurales et urbaines stratégiques. « Il nous appartient d’envahir la Côte d’Ivoire toute entière, en commençant par les différentes communes d’Abidjan. Nous étions hier le Fpi (Front populaire ivoirien), nous sommes le Ppa-Ci. Il n’y a pas de combat qui nous effraie. Nous allons nous battre pour que les points que nous avons identifiés soient obtenus », a émis Lia Bi Douayoua, représentant Justin Katinan Koné, président du Conseil stratégique et politique du Ppa-Ci, le 3 juin, au lancement de l’opération « Cap 2025 ».
Formation et solidarité interne
L’accent mis sur la formation des militants et la solidarité financière et logistique suggère que le Ppa-Ci cherche à consolider ses rangs et à s’assurer que tous les membres sont bien préparés pour les défis électoraux. « Soyons solidaires les uns des autres pour contribuer à la victoire du président Laurent Gbagbo et du parti. À partir d’aujourd’hui, toutes nos actions vont s’inscrire dans le sens exclusif de la candidature et de la victoire du président Laurent Gbagbo. L’opération « Cap 2025 » est donc une chaine de solidarité et de mobilisation », a déclaré, de son côté, Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du Ppa-Ci. Cette exhortation montre une approche structurée et méthodique pour renforcer l’unité et l’efficacité du parti.
Le régime Rhdp comme obstacle
Autre élément de sa stratégie. Le Ppa-Ci insiste sur la nécessité d’opérer des réformes électorales et mobilise pour des actions de masse. En creux, le Ppa-Ci fait passer le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp, au pouvoir) comme un obstacle à des élections justes. Cette position est censée attirer les électeurs mécontents du statu quo et renforcer le sentiment de besoin de changement parmi la population.
Principale consigne
Dans sa stratégie de conquête du pouvoir, le Ppa-Ci a décidé de regarder de près son discours. Ce n’est pas un hasard si le 3 juin dernier, Assoa Adou, 1er vice-président du Ppa-Ci, a passé cette consigne aux cadres dans le contexte de l’opération « Cap 2025 ». « Au cours de cette mission, il ne faut insulter personne. Dites ce que Laurent Gbagbo va faire, dites ce que le Ppa-Ci va faire, pour la Côte d’Ivoire », a insisté l’ex-ministre des Eaux et Forêts. Cet élément de la stratégie apparaît comme une tentative de se démarquer des discours politiques agressifs et de présenter une image de maturité politique.
De façon globale, il y a une stratégie bien définie du Ppa-Ci pour aborder la présidentielle de 2025 avec une mobilisation intense, une formation rigoureuse, et une solidarité accrue parmi ses membres, un discours soigné, tout en insistant sur des réformes électorales essentielles.
Source L’inter