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Le président du COJEP, également radié de la liste électorale par la Commission électorale indépendante (CEI), y exprime une forme de déception à l’égard de ses anciens compagnons de lutte, sans toutefois les nommer.
« Même parmi nous, Opposition, il y en a, quand ils citent ceux qui sont radiés, ils arrivent sur ton nom et puis ils sautent. (Comme si) ça leur fait mal de trop dire ton nom quoi ! », lançait Blé Goudé, amer, devant ses partisans de Koumassi, dans cet extrait vidéo qui date du 28 mai 2025.
Dans le cadre de la tournée de son parti dénommée « COCOCO », le 7 juin à Port-Bouët, Laurent Gbagbo a dénoncé devant des milliers de militants, la décision de la CEI de le radier, en évoquant d’autres personnalités politiques comme Tidjane Thiam ou Guillaume Soro. Mais aucun mot sur Charles Blé Goudé, ce qui a suscité de nombreuses réactions. « On a publié une liste sur laquelle il n’y a pas le nom de Laurent Gbagbo. […] Une liste sur laquelle il n’y a pas Cheikh Tidjane Thiam, sur laquelle il n’y a pas Soro Guillaume, etc. », avait-il déclaré.
Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont longtemps affiché une relation presque filiale, nourrie par des années de combat politique commun et renforcée par leur passage conjoint devant la Cour pénale internationale (CPI). Dans ce contexte, entendre Gbagbo mentionner Guillaume Soro — ancien chef de la rébellion armée de 2002 — et Tidjane Thiam — actuel président du PDCI, ex-allié du RDR contre lui en 2010 — tout en omettant Blé Goudé, a suscité de nombreux commentaires.
« Ça, ce n’est pas de la politique. Tu es même plus dangereux que ceux qui nous ont radiés. Parce que toi, dans ta tête même, tu as déjà rayé nos noms », affirme Charles Blé Goudé dans la séquence vidéo abondamment relayée par des partisans du RHDP. Des propos datant de plusieurs mois, mais qui semblent aujourd’hui faire écho au silence observé sur son cas au stade de Petit Bassam.
Aucun échange officiel
Entre les deux hommes, la fracture désormais est difficile à masquer. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé n’ont plus affiché publiquement de proximité politique depuis leurs retours respectifs en Côte d’Ivoire, après leur acquittement par la Cour pénale internationale. Aucun échange officiel n’a été enregistré entre les deux hommes depuis.
À l’approche de l’élection présidentielle de 2025, l’opposition ivoirienne peine à faire bloc. Laurent Gbagbo, président du PPA-CI, s’est également éloigné de plusieurs figures de l’ancienne majorité, notamment son ex-épouse Simone Ehivet et son ancien Premier ministre, Pascal Affi N’Guessan. Ces derniers, à la tête de leurs propres partis, se retrouvent, avec le PDCI, au sein de la coalition de l’opposition CAP-CI, que le PPA-CI a choisi de ne pas intégrer. Une configuration qui complique toute dynamique d’unité face au parti au pouvoir.
Le camp présidentiel, lui, semble tirer parti de ces divisions. Le dimanche 8 juin, Cissé Bacongo, ministre-gouverneur du district autonome d’Abidjan, a saisi l’occasion pour critiquer l’ancien président, l’accusant d’incohérence sur la question de la réconciliation.
« Laurent Gbagbo parle de quelle réconciliation ? Quand il est incapable de pardonner à Blé Goudé pour une faute que nul ne connaît. Il est incapable de pardonner à Simone Gbagbo, l’ancienne Première dame », a déclaré M. Bacongo, lors d’une sortie très commentée.
E.KOUAKOU