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Devant une foule acquise à sa cause, rassemblée à la Place Ajavon, Cissé Bacongo n’a pas mâché ses mots. Il s’est directement attaqué à la ligne politique du PPA-CI, pointant ce qu’il appelle un manque de vision alternative. « Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est transformée de fond en comble en moins de 20 ans. Le pays est totalement en chantier du nord au sud, de l’est à l’ouest, en passant par le centre. Dans ces conditions, moi Bacongo, je comprends la posture de l’opposition. Je ne partage pas, mais je comprends », a-t-il d’abord lancé, avant d’ironiser : « Quand en face, vous n’avez absolument rien à proposer, on comprend tout ce qui se passe. »
Dans la foulée, le Secrétaire exécutif du RHDP a fermement rejeté les critiques du camp Gbagbo, accusant ce dernier de vouloir ramener le pays en arrière. « Laurent Gbagbo et le PPA-CI veulent nous ramener dans les profondeurs abyssales où ils nous avaient précipités par leur amateurisme, la démagogie et la violence », a-t-il martelé sous les applaudissements.
Cissé Bacongo a ensuite répondu à l’intention du PPA-CI de mener des actions de rue. « Ils ont dit qu’ils seront dans la rue. Mais nous, on est déjà dans la rue. On les attend », a-t-il clamé. Il a précisé que ce terrain évoqué n’est pas celui de la violence, mais bien celui du développement et de l’engagement pour les populations. « Nous les attendons sur le terrain du combat pour le développement de notre pays. Sur le terrain du progrès. Sur celui de l’amélioration des conditions de vie et de travail des Ivoiriens. »
Poussant plus loin la comparaison, Bacongo a ironisé : « Ils veulent descendre dans la rue, mais nous y sommes déjà. Nous, c’est notre gîte habituel. Vous venez, vous allez nous trouver. » Il a ensuite attaqué ce qu’il perçoit comme les piliers fragiles du programme politique de l’ex-président. « Le seul projet de société ou programme de gouvernement de Laurent Gbagbo, selon ses adeptes, c’est la réconciliation et le souverainisme. »
À propos de la réconciliation nationale, Bacongo a remis en cause la sincérité du leader du PPA-CI. Il a évoqué ses relations tendues avec d’anciens proches comme Charles Blé Goudé, Affi N’Guessan ou encore Simone Ehivet Gbagbo. « Il parle de réconciliation, mais il est incapable de pardonner à Blé Goudé une faute que personne ne connaît, incapable de tourner la page avec Affi, incapable de pardonner à Simone. Tu ne peux pas te réconcilier avec quelqu’un qui t’aime, mais tu veux réconcilier une nation ? Qui va te croire ? », a-t-il lancé, provoquant les rires dans l’assistance.
Sur la question du souverainisme, l’ancien maire de Koumassi a fait cette observation. « Hier, ils parlaient de panafricanisme. Aujourd’hui, ils parlent de souverainisme. Un panafricanisme ringard, nostalgique, démagogique. Pour eux, le panafricanisme, c’est le rejet de l’autre, la haine de l’autre. »
En réponse, Bacongo a vanté une autre approche, celle incarnée selon lui par le RHDP et le président Alassane Ouattara : « Le panafricanisme chez nous, c’est la solidarité, l’amour de l’autre, l’acceptation. Même ceux qui nous insultent, on leur tend la main. On donne l’électricité, on accueille les réfugiés fuyant les terroristes. »
Avec ce discours offensif et sans concession, Cissé Bacongo a clairement choisi de faire monter le ton à l’approche des prochaines échéances électorales. En reprenant la main sur le terrain rhétorique depuis Koumassi, il veut signifier que le RHDP n’a pas l’intention de laisser le monopole de la parole à l’opposition. Reste désormais à voir quelle sera la réponse du PPA-CI à cette attaque en règle.
A.KONE