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Du terrorisme au retrait des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes) que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao), en passant par la coopération bilatérale, les échanges économiques entre Accra et Abidjan, tous ces sujets ont été passés au peigne fin.
Au niveau de l’espace sous-régional, Alassane Ouattara s’est inquiété de la situation sécuritaire qui reste très fragile. « Nous avons, tout à l’heure, longuement évoqué la situation sécuritaire dans notre sous-région qui demeure très très préoccupante ainsi que la situation socio-politique dans certains pays du Sahel », a noté l’ancien Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny. Il dit avoir convenu, avec son homologue ghanéen, de se montrer solidaires des peuples des pays de l’Aes en apportant « assistance à ces pays frères pour leur permettre de faire face aux besoins humanitaire et sécuritaire ».
D’ailleurs, Alassane Ouattara a chargé le président du Ghana, John Dramani Mahama, de convaincre les pays de l’Aes de demeurer dans la Cédéao. « Nous vous faisons confiance, monsieur le Président, pour qu’à l’occasion de vos entretiens avec ces pays frères, vous puissiez les convaincre de rester dans la Cédéao. Car, il y va de l’avenir des peuples de l’Afrique de l’ouest », a avancé M. Ouattara. Et de poursuivre : « je voudrais aussi lancer un appel aux pays de l’Aes pour dire que nous sommes mieux à 15 qu’à 3. Je souhaite que vraiment l’appel du président Mahama puisse être entendu par ces trois pays frères dont deux sont des voisins de la Côte d’Ivoire, que nous puissions continuer ensemble au sein de la Cédéao ».
Au niveau sécuritaire, dans le cadre d’une coopération bilatérale, il a indiqué être parvenu à s’accorder avec son hôte sur la nécessité pour la Côte d’Ivoire et le Ghana de renforcer leur coopération en matière de sécurité et de défense nationale, afin de « garantir la paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest ».
Aussi, les deux chefs d’Etat, aux dires d’Alassane Ouattara, ont accordé leurs violons sur la lutte « contre le réchauffement climatique, le terrorisme, la piraterie maritime et toutes les formes de trafics dans la sous-région ». La lutte contre l’orpaillage illégal figure en bonne place dans la coopération entre les deux nations.
Au niveau économique, les deux nations, étant les premières productrices de cacao à l’échelle mondiale, ont décidé de renforcer leur collaboration dans le cadre de l’initiative cacao Côte d’Ivoire-Ghana. « (…) nous avons abordé des sujets d’intérêt commun notamment dans le domaine de la défense, de la sécurité, de l’économie, du cacao, dont nous sommes les premiers producteurs avec plus de 60% de la production mondiale, des mines et de l’énergie ainsi que des grands chantiers de la Cédéao, tels que le corridor Abidjan-Lagos, ou encore la monnaie commune, l’éco », a mentionné l’ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire international (Fmi).
Réponse ghanéenne
Le président du Ghana, John Dramani Mahama, a rassuré son homologue quant à l’intérêt particulier qui sera accordé aux efforts de maintien du Mali, du Burkina Faso et du Niger dans l’espace sous-régional. « Nous allons essayer de traiter de la meilleure manière parce qu’en Afrique, nous avons ce dicton qui dit que lorsque la maison de votre voisin brûle, vous ne vous réjouissez pas mais vous aidez plutôt à éteindre le feu afin qu’il n’atteigne pas votre maison. Le Ghana et la Côte d’Ivoire sont un même peuple, nous voulons travailler à changer les choses », a-t-il retorqué.
John Dramani Mahama s’est montré confiant quant à la réalisation de la mission qui lui a été confiée. « Je dirai qu’il y a toujours la possibilité de ramener nos pays frères à la maison. Il est bon de rester dans un groupe de 15 que de rester dans un groupe de 3. Il y a toujours des possibilités, ce sont des pays qui comptent dans la sous-région et, la sous-région a une importance pour ces pays-là dans la mesure où il y a des populations de ces pays qui sont en Côte d’Ivoire, il y a aussi des ressortissants de ces pays qui souffrent aux frontières, je pense qu’il y a toujours des choses à faire parce qu’il y a un intérêt économique à gagner dans la Cédéao », a-t-il fait savoir.
Relativement à la lutte contre l’orpaillage clandestin, il a salué la volonté du président Ouattara d’unir ses efforts à ceux de son pays pour freiner ce fléau dont les conséquences sont dévastatrices sur la santé humaine des deux peuples et sur l’environnement. « Monsieur le président, quand vous parlez de l’orpaillage clandestin, j’ai bien pris note parce que cela impacte nos deux pays surtout qu’au Ghana, nous avons 44 réserves de forêts qui ont été touchées, surtout aussi nos réserves d’eau qui sont impactées par les effets de l’orpaillage clandestin. Cela produit des effets du changement climatique sur nos deux pays parce que le climat au Ghana et en Côte d’Ivoire sont les mêmes », a-t-il fait remarquer.
Au demeurant, John Dramani Mahama a fait un plaidoyer auprès du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, pour que la Côte d’Ivoire et le Ghana soient la locomotive de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
En ce qui concerne la suspension de l’aide américaine internationale, les deux chefs d’Etat se sont montrés confiants quant à la levée, dans les prochaines semaines, de cette suspension. Au surplus, ils voient, dans cette mesure, une opportunité pour l’Afrique de se prendre en charge elle-même.
Axel KONE