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Gianni Infantino ne cesse de vendre cette nouvelle compétition comme un moment « historique ». Selon lui, réunir 32 clubs pour désigner le meilleur du monde est un « Big Bang » footballistique. Le président de la Fifa vante un prize money record (jusqu’à 125 millions de dollars (70 811 838 000 Fcfa) pour le vainqueur) et une exposition mondiale sans précédent. Mais la réalité est plus nuancée. Pour remplir les tribunes, la Fifa a dû casser les prix : jusqu’à 85 % de réduction sur certains billets, et des packs étudiants à 20 dollars (plus de 11 000 Fcfa)) pour cinq places. Résultat : un stade plein, mais un engouement artificiel. Malgré la promesse d’un plateau de rêve, plusieurs champions nationaux brillent par leur absence. Liverpool, Barcelone, Naples : aucun ne sera là. À la place, des clubs comme Chelsea, qualifiés via une Ligue des champions remportée en 2021. Le format de qualification interroge autant que l’intérêt sportif réel de la compétition. Pour beaucoup, cette Coupe du monde des clubs ressemble davantage à une exhibition lucrative qu’à une épreuve recherchée.
Autre point de crispation : les horaires des rencontres. Pour maximiser l’audience mondiale, la Fifa a programmé de nombreux matchs à midi ou à 15h, des créneaux peu attractifs pour le public américain. Et en toile de fond, une concurrence forte : entre les tournées estivales des clubs européens et surtout la Coupe du monde 2026, déjà dans tous les esprits, le public US semble peu mobilisé.
Mais au-delà de l’organisation, c’est le rythme imposé aux joueurs qui fait débat. Le Real Madrid en est à 62 matchs cette saison, le PSG à 58, Chelsea à 57. Dans ce contexte, ajouter une compétition de plus suscite l’inquiétude de la Fifpro. Le syndicat alerte sur les risques physiques et mentaux pour les joueurs, soumis à une cadence infernale. Pour la Fifpro, ce tournoi illustre une dérive : celle d’un football mondialisé qui oublie l’essentiel – les acteurs sur le terrain.
Pendant que la Fifa met en scène sa « révolution », la santé des joueurs reste reléguée au second plan. Et c’est peut-être là que se joue la vraie crise du football moderne.
A.KONE