Des épisodes peu glorieux
Par le passé, le CIO a déjà fait face à des épisodes peu glorieux en termes d’éthique. L’ex-président emblématique de l’institution, Juan Antonio Samaranch avait bien vu son image écornée, notamment en 1998, au moment du scandale des JO d’hiver de Salt Lake City, organisés en 2002. L’Espagnol s’était vu offrir deux fusils de la part du comité de candidature et pas moins d’un million de dollars avait été versé par la ville américaine à des membres influents du CIO.
Malgré les nombreux appels à la démission dont celui du sénat américain, M. Samaranch avait résisté grâce à sa promesse de réformer l’institution, et surtout à sa puissante influence. A son départ en 2001 à l’âge de 81 ans, le Catalan fut même nommé président d’honneur -jusqu’à sa mort en 2010-, en ayant pris le soin de recaser son fils Juan Antonio (Salisachs) junior, devenu en 2016 vice-président du CIO…
Pour tenter de faire table rase du passé, le CIO a décidé de confier en 2017 la commission d’éthique de son instance au Sud-coréen Ban Ki-moon. L’ancien patron de l’ONU a alors remplacé le Sénégalais Youssoupha Ndiaye, souvent critiqué pour son mutisme lors des scandales mettant en cause notamment son compatriote Lamine Diack.
Salt Lake City
Les Jeux olympiques d’hiver de Salt Lake City (2002) ont été les premiers à être embourbés dans une large affaire de corruption. Et une fois n’est pas coutume, le scandale éclate plusieurs années avant la tenue de l’événement sportif planétaire. Quatre ans exactement. En 1998, des membres du Comité International olympique (CIO) sont accusés d’avoir reçu des pots de vins de la part du comité de candidature pour les jeux de Salt Lake City, dans le but évident de les convaincre de donner leurs voix à la ville de l’Utah. Jean-Claude Ganga, membre congolais du CIO, s’est vu remettre 50.000 dollars en liquide afin de “développer le sport chez les jeunes en République du Congo”. Une initiative somme toute louable à un détail près : la jeunesse congolaise n’a jamais vu la couleur de ces billets.
Des millions de dollars auraient été ainsi dépensés pour offrir des avantages en nature aux membres du CIO. Par la suite, quatre enquêtes indépendantes sont lancées et aboutissent à l’exclusion de dix membres tandis qu’elles en sanctionnent dix autres. Ce scandale forcera le CIO à adopter des règles plus strictes pour les futures attributions sans pour autant éclaircir véritablement le flou autour de la légalité des cadeaux reçus par les membres du comité.
Blanchiment aggravé
Tokyo n’échappe pas à non plus à ce qui est presque devenu une règle. Une enquête du Parquet National Financier (PNF) avait été ouverte contre le processus de désignation de la ville nippone qui a accueilli les JO en 2021. Une enquête de trois ans menée par des juges parisiens a mené à la mise en examen le 10 décembre de M. Takeda. Le vice-président du comité d’organisation de Tokyo 2020 a été accusé d’avoir participé au versement, en 2013, de deux millions d’euros pendant la campagne de candidature japonaise. Deux paiements auraient été destinés à la société Black Tidings, liée à Papa Massata Diack, fils de l’ex-président de la Fédération internationale d’athlétisme, lamine Diack. Cette affaire de Tokyo 2020 a entaché encore une fois l’image du CIO. Les motifs évoqués sont corruption, blanchiment aggravé et participation à une association de malfaiteurs. D’après des révélations du quotidien britannique The Guardian un versement aurait été effectué en 2013 vers la société Black Tidings en provenance d’un compte ouvert dans une banque japonaise. Cette société appartient à Papa Massata Diack, lui-même fils de Lamine Diack qui a été membre du CIO (1999-2015) au titre de président de l’Association Internationale des Fédérations d’Athlétisme (IAAF). Or ce dernier, qui avait d’abord soutenu la candidature d’Istanbul pour les jeux de 2020, aurait changé d’avis en faveur de Tokyo suite à la signature d’un contrat entre l’IAAF et un sponsor japonais.
Chaque nouvelle édition des Jeux olympiques rouvre la question des coûts en infrastructures qui ne cessent d’augmenter. Les JO de Rio 2016, n’échappent pas non plus à la suspicion. Le président du comité olympique brésilien Carlos Nuzman, a été soupçonné d’avoir perçu des pots-de-vin. Il a été arrêté à Rio le 5 septembre 2016, et depuis suspendu par le CIO. Dans un communiqué, Leonardo Gryner, vice-président du comité local d’organisation Rio 2016, a annoncé que 60% du budget des Jeux (estimé à 10,7 milliards d’euros) avait été financé par des fonds privés dans le cadre d’un Partenariat Public-Privé.