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Une course aussi ouverte et inédite dans l’histoire récente du mouvement olympique, comme l’explique Jean-Loup Chappelet, professeur honoraire à l’Université de Lausanne et spécialiste du mouvement olympique, interrogé par francsjeux.com.
Selon Jean-Loup Chappelet, la diversité des candidatures fait de cette élection l’une des plus indécises de l’histoire du Cio : « Il n’y a jamais eu autant de candidats. Sept, c’est unique. Les premiers tours serviront à éliminer progressivement les moins soutenus, avant qu’un favori ne se détache. Comme lors d’un conclave, un report massif des voix peut rapidement désigner un vainqueur si un consensus se forme. » Contrairement aux précédentes élections, où des figures comme Thomas Bach en 2013 bénéficiaient d’une avance nette, aucun candidat ne se distingue aujourd’hui comme favori incontesté. Dans cette course, la proximité avec les membres du Cio semble plus déterminante que les propositions. Jean-Loup Chappelet insiste sur l’importance des relations personnelles. « Au-delà des programmes, ce sont les liens tissés au fil des années qui feront la différence. Les membres votent majoritairement pour ceux qu’ils connaissent bien et avec qui ils partagent une relation de confiance », fait-il remarquer. Les idées trop audacieuses pourraient même rebuter un CIO historiquement conservateur. Des propositions comme celle d’organiser les Jeux sur plusieurs continents simultanément sont perçues comme trop radicales et risquent de diviser les votants.
Parmi les prétendants, David Lappartient (France) est souvent cité comme un candidat sérieux, malgré sa récente arrivée au Cio en 2022. Président de l’Union Cycliste Internationale (Uci) et du Comité National Olympique Français (Cnosf), il bénéficie d’une forte popularité en Afrique, où le Cio compte un nombre croissant de membres. « Il a su s’imposer rapidement grâce à son expérience et à ses réseaux. Sa position modérée prônant une « évolution plutôt qu’une révolution » séduit un Cio attaché à la stabilité », analyse Chappelet.
Outre David Lappartient, trois autres candidats semblent se détacher : Juan Antonio Samaranch Jr (Espagne) : Fort de son nom illustre, il est le fils de l’ancien président du Cio (1980-2001). Membre influent, il incarne la continuité et bénéficie d’un réseau solide. Kirsty Coventry (Zimbabwe) : Ancienne championne olympique en natation, elle incarne un renouveau et porte les espoirs d’un leadership africain au sein du mouvement. Sebastian Coe (Grande-Bretagne) : Président de World Athletics et organisateur des JO de Londres 2012, il possède un palmarès impressionnant, mais ses décisions controversées, comme la récompense financière des médaillés olympiques, ont heurté certains membres conservateurs.
Au-delà du choix d’un individu, cette élection déterminera l’orientation du Cio sur plusieurs dossiers brûlants, la participation des athlètes russes et biélorusses en pleine guerre en Ukraine, la durabilité des Jeux avec l’idée de rotations fixes pour les Jeux d’hiver et l’inclusion de l’Afrique dans l’organisation future des Jeux olympiques. « Avec sept candidats issus de différents horizons, cette élection reflète l’importance du poste et la pluralité des visions pour l’avenir du sport mondial », conclut Chappelet.
E.KOUAKOU