Après leur interpellation, dans le chef-lieu de la région du Kabadougou, les cadres de Générations et peuples solidaires (Gps), mouvement politique présidé par Guillaume Soro, ont été conduits à Abidjan. Ils ont connu un bref séjour à la Brigade de recherche de la gendarmerie, puis ont été déférés devant le parquet, vendredi 24 novembre, avant d’être écroués au Pôle pénitentiaire d’Abidjan (Ppa), a appris la source. « Ils sont à la Maca (désormais Ppa, ndlr) depuis le vendredi passé. La procédure suit son cours », a-t-elle sobrement indiqué.
Selon nos informations, si dans un premier temps, les deux lieutenants de Guillaume Soro étaient suspectés de « trouble à l’ordre public » et « atteinte à la sureté de l’Etat », les chefs d’accusation retenus seraient ceux de « maintien illégal d’un parti politique » et « trouble à l’ordre public ». Les domiciles de Messou Kouablan et Sié Coulibaly ont été perquisitionnés, entretemps, apprend-on. « Rien de compromettant n’a été trouvé », croit savoir un cadre de Gps contacté par L’inter.
A Odienné, selon les informations fournies par Gps, Messou Kouablan et Sié Coulibaly devaient animer une conférence. Celle-ci s’inscrivait dans le cadre des « rendez-vous du porte-parole de Guillaume Soro ».
Dissolution
Le mouvement Générations et peuples solidaires a été dissous par décision de justice le mercredi 23 juin 2021. A cette date, la justice avait condamné Guillaume Soro à la prison à perpétuité pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Plusieurs autres cadres de Gps avaient été condamnés. Dans la foulée, les avocats de l’ancien président de l’Assemblée nationale avaient dénoncé une « atteinte insoutenable à la liberté d’association ». Après la récente interpellation de MM. Kouablan et Coulibaly, le collectif d’avocats a, de nouveau, donné de la voix à travers la plume de Me Affoussiata Bamba-Lamine. « Le collectif des avocats indique que cette interpellation est totalement illégale et infondée puisqu’elle porte atteinte à la liberté d’aller et de venir de Messieurs Messou Kouablan et Coulibaly Sié », pouvait-on lire dans un communiqué de presse. « Le collectif des avocats rappelle (…) que Gps est un mouvement parfaitement légal qui n’est pas dissout juridiquement puisqu’un pourvoi en cassation a été formé le 22 février 2023 contre la décision de la Cour d’Appel d’Abidjan en date du 13 février 2023. Le collectif des avocats rappelle enfin que du fait de l’effet suspensif de ce pourvoi en cassation, absolument rien n’empêche Gps de poursuivre ses activités en toute légalité », avait relayé le texte.
Réaction gouvernementale
Côté « gouvernement », le porte-parole Amadou Coulibaly, ministre de la Communication, a été questionné sur le sujet, jeudi 23 novembre, au sortir du conseil des ministres. « (…) Si je me réfère à ce que j’ai lu moi-même dans la presse, ce sont des personnes qui voulaient aller animer un meeting, en tout cas, des réunions. Nous sommes dans un pays organisé, les réunions quelles qu’elles soient, sont l’objet au moins d’information des autorités, soit municipales puisque vous allez vous tenir dans un site. Si vous tenez une réunion sans avoir informé quelque administration que ce soit, vous tombez sous le coup de la loi et vous êtes facilement dans le trouble à l’ordre public. Il faut que les gens comprennent que nous sommes dans un pays organisé. S’ils ont des réunions, ils informent l’administration. Si vous ne le faites pas, vous tombez sous le coup de la loi », a signifié Amadou Coulibaly. « Je pense qu’on connaît les pratiques démocratiques et transparentes de notre pays. Vous pouvez vous attendre à ce que le procureur de la République vous fasse une déclaration si tant il est vrai que ces personnes ont été arrêtées. Il vous dira très certainement les raisons pour lesquelles elles ont été arrêtées », a fait valoir le porte-parole du gouvernement.
Source L’inter