Or, l’exploitation anarchique et souvent illégale de ces ressources alimente des conflits sur le continent, notamment en République Démocratique du Congo, mais également au Moyen-Orient et en Europe. Face à cette situation, il est impératif que les pays africains mettent en place des stratégies efficaces pour protéger leurs richesses naturelles et en tirer des avantages significatifs pour leur propre développement.
L’Afrique détient une part importante des réserves mondiales en minerais critiques tels que le cobalt, le lithium, le coltan, l’uranium et les terres rares. Ces matières premières sont essentielles à la production de batteries, d’équipements électroniques, d’armes sophistiquées et de technologies vertes. Leur exploitation, majoritairement dominée par des multinationales européennes, privent souvent les États africains des bénéfices qu’ils devraient en tirer.
Pendant que l’Union européenne annonce un plan de financement massif de 800 milliards d’euros pour réarmer l’Europe, dont 150 milliards en prêts, les ressources africaines risquent d’être encore plus sollicitées pour alimenter cette machine industrielle et militaire. Cela risque de renforcer la dépendance de l’Afrique et d’aggraver les conflits locaux attisés par des intérêts étrangers.
Avantages pour l’Afrique de protéger ses ressources
La protection et la gestion souveraine des ressources naturelles présentent plusieurs avantages pour les pays africains. En effet, cela a l’avantage d’’augmenter les revenus nationaux. Une meilleure gestion permet de maximiser les recettes fiscales issues de l’exploitation minière et pétrolière et d’investir dans les infrastructures, l’éducation et la santé.
En outre, la protection contribuera à créer des emplois locaux. En imposant des partenariats équitables avec les entreprises étrangères, les pays africains peuvent exiger l’embauche de main-d’œuvre locale et la formation de techniciens africains. Cet engagement va encourager l’industrialisation. Au lieu d’exporter des matières brutes, la transformation locale des ressources pourrait émerger et ainsi stimuler l’industrie et l’économie locale. Les pays africains pourront diminuer la dépendance économique. Un contrôle plus strict des ressources permettrait aux pays africains de mieux négocier les contrats et de ne plus dépendre uniquement des fluctuations du marché international. Cela va réduire les conflits armés. Une exploitation mieux réglementée et une transparence accrue peuvent limiter le financement des groupes armés qui profitent du chaos pour exploiter illégalement les ressources.
Moyens juridiques et fiscaux
Pour garantir une exploitation bénéfique de leurs richesses, les pays africains doivent renforcer leur arsenal juridique et fiscal. En procédant à une nationalisation partielle ou totale. Certains pays africains devraient envisager d’établir des sociétés nationales d’exploitation minière avec un contrôle majoritaire de l’État. Le renforcement des lois sur les ressources naturelles est nécessaire. Il est indispensable d’introduire des lois qui limitent la part des entreprises étrangères dans l’exploitation et imposent des quotas pour les acteurs nationaux.
L’imposition de taxes et redevances élevées fait aussi partie des moyens à utiliser. En appliquant des taxes sur l’exportation des minerais bruts et des redevances minières plus élevées, les gouvernements pourraient mieux tirer profit de leurs ressources. Le contrôle des contrats miniers est également nécessaire. Il est essentiel que les gouvernements africains renégocient les contrats d’exploitation pour obtenir des conditions plus équitables et garantir un transfert de technologies. La lutte contre la corruption et la contrebande : Une gouvernance transparente, avec des institutions de contrôle efficaces, doit être instaurée pour éviter le pillage des ressources. Des partenariats intra-africains sont aussi des voies à utiliser. La coopération entre pays africains pourrait renforcer leur position dans les négociations avec les investisseurs étrangers et permettre un partage des compétences.
Les richesses minières et pétrolières de l’Afrique doivent avant tout servir aux Africains. Face aux prédations étrangères, les gouvernements africains doivent adopter des lois strictes, renforcer la transparence et encourager le développement industriel sur le continent. L’histoire a démontré que les ressources naturelles mal gérées sont une malédiction plutôt qu’une bénédiction. Il appartient donc aux dirigeants africains de faire des choix courageux pour assurer un avenir prospère et souverain à leurs nations.
J.F.PAGNI