La décision de la Cour constitutionnelle en novembre, selon laquelle les plans de dépenses hors budget violaient le frein à l’endettement du pays, a forcé le gouvernement à adopter une politique budgétaire plus stricte, réduisant ainsi ses ambitions de relever les défis économiques structurels. L’Union chrétienne-démocrate (CDU), parti d’opposition, devrait en profiter, tout comme l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), parti d’extrême droite et anti-immigration, qui arrive désormais en deuxième position dans la plupart des sondages d’opinion.
En ce moment, les Allemands sont en proie à de nombreuses préoccupations. Les populations craignent la montée de l’extrême droite. Des millions d’Allemands ont manifesté contre la montée de l’extrême droite et du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), craignant une nouvelle menace nazie. Les manifestations ont été déclenchées par l’augmentation de la popularité de l’AfD et ses politiques. A cela s’ajoute la crise budgétaire. Le gouvernement allemand est aux prises avec une crise budgétaire de plusieurs milliards d’euros qui risque de freiner sa vision de la transformation environnementale et industrielle et de plonger le pays dans des années de stagnation économique.
En plus de ces problèmes, les Allemands font face à des crimes de haine. En effet, l’Allemagne a connu souvent, une augmentation des manifestations motivées par l’extrême droite ainsi qu’une hausse des attaques contre les migrants, les Juifs, les musulmans, les Sinti, les Roms et les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT), constituant des crimes de haine.
La crise a suscité des inquiétudes chez le public, un sentiment de panique et de choc collectif parmi les Allemands, déjà touchés par les effets de l’inflation et encore sous le choc des conséquences de la pandémie. La peur des mesures d’austérité et la perte de la prospérité allemande sont répandues.
L’Allemagne est sur la voie d’une récession de deux ans, sa première depuis le début des années 2000, après que son économie ait connu une contraction en 2023 en raison de l’impact des coûts énergétiques plus élevés et d’une demande industrielle plus faible. Le bureau national de statistique allemand a déclaré que “plusieurs crises” affectant l’économie avaient contribué à une baisse de 0,3% du produit intérieur brut (PIB) en 2023, par rapport à l’année précédente.
L’inflation persistante a contribué à pousser l’Allemagne en récession au cours des trois premiers mois de l’année. L’économie a contracté de 0,3% entre janvier et mars, a déclaré le bureau des statistiques.
Cette récession a un impact sur les ménages et les entreprises. Les prix plus élevés ont pesé sur les dépenses des ménages en matière de nourriture, de vêtements et de meubles. Les commandes industrielles sont également plus faibles, reflétant l’impact des prix de l’énergie plus élevés sur les entreprises. Selon les analystes, les prévisions pour 2024 prévoient que l’économie allemande connaîtra au mieux une croissance stagnante en 2024, avec un risque accru d’une deuxième année consécutive de production négative.
La crise a conduit à une critique généralisée de la règle de frein à l’endettement de l’Allemagne, introduite en 2009, qui limite le déficit budgétaire structurel de l’Allemagne à environ 0,35 % de son produit intérieur brut. Cette règle a été levée pendant des périodes de besoin exceptionnel, comme en 2020 pendant la pandémie de Covid-19 et en 2022 en raison de la hausse des taux d’intérêt, de l’inflation et des prix de l’énergie. Cependant, la gestion de cette crise est un défi majeur pour le gouvernement allemand et pourrait avoir des implications à long terme pour l’économie du pays.
Source Les Echos